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Afropresse,l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron26 janvier 2007

Guinée – Diamants

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Nous commençons par la Guinée. Un pays dont les journaux allemands ne parlent que très rarement, mais qui se trouve propulsé au premier plan de l’actualité africaine en raison de la crise qu‘il traverse depuis le 10 janvier. Le vieux à la poigne de fer, titre la Süddeutsche Zeitung pour désigner le président Lansana Conté, au pouvoir depuis maintenant plus de décennies. Au début, écrit le journal, Conté a été fêté par de nombreux Guinéens. Il semblait qu’il pouvait conduire le pays sur le chemin des réformes. Mais Conté a beaucoup perdu de sa popularité initiale. Son long règne a corrompu son appareil. Les plaintes se sont multipliées pour dénoncer l’incurie et le népotisme. La population est restée pauvre alors que l’Etat, dans ce pays riche en matières premières, a vendu de grandes quantités d’or, de diamants et de bauxite. La Tageszeitung rappelle que la Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite Elle explique aussi que les syndicats guinéens, qui ont lancé la grève générale le 10 janvier, tirent leur puissance de l’empreinte industrielle de la Guinée. Après l’indépendance en 1958, la Guinée a emprunté avec l’appui de l’ex-Union soviétique la voie d’une industrialisation d’Etat. Les syndicats, souligne le journal, sont d’ailleurs la seule force politique, en dehors de l’armée, à avoir un rayonnement national. Car la Guinée est en termes ethniques et culturels un pays très hétérogène. Les partis politiques n’ont jamais réussi à dépasser leur ancrage régional. La photo de policiers guinéens ramassant des pierres jetées par des manifestants illustre cet article de la Tageszeitung alors que d’autres quotidiens publient des photos des manifestations réprimées dans le sang par les forces de l’ordre. C’est le cas par exemple de la Frankfurter Rundschau, qui note que la lutte de pouvoir en Guinée met en péril la région toute entière. La Guinée est limitrophe de pays qui, comme le Libéria et la Sierra Leone, ont vécu des guerres civiles dans un passé récent ou qui, comme la Côte d’Ivoire, sont encore secoués par des troubles internes. Une poursuite de la déstabilisation de la Guinée pourrait avoir de graves incidences chez des voisins déjà affaiblis.

Liberia, Sierra Leone, deux producteurs de diamants dont le trafic a alimenté les guerres civiles qui ont ravagé ces deux pays. Les diamants du sang comme on les appelle attisent aussi les conflits, et les convoitises, ailleurs en Afrique. Et c’est un thème qui, à l’occasion de la sortie en Allemagne du film américain Blood Diamonds, revient cette semaine dans les colonnes de la presse allemande. L’action du film se situe en 1999 en Sierra Leone. Kalachnikovs et pierres précieuses, titre l’hebdomadaire Die Zeit avant de souligner que les diamants du sang ne sont nullement un problème du passé. Un exemple: en octobre 2006 une commission d’experts de l’ONU a rapporté que des rebelles ivoiriens avaient vendu clandestinement pour 23 millions de dollars de diamants. Une somme minime par rapport au commerce mondial des diamants, mais ajoute le journal 23 millions de dollars permettent d’acheter beaucoup d’armes. Cette affaire a mis au jour une faiblesse du processus de Kimberley, censé empêcher, par le biais de certificats d‘origine, la vente illégale de diamants. Les diamants ivoiriens, explique Die Zeit, ont été acheminés frauduleusement au Ghana, pays membre du processus de Kimberley, et ont été munis là-bas du fameux certificat. Maintenant quel sera l’impact du film, alors que l’un des principaux personnages est interprété par une star de Hollywood, Leonardo Di Caprio? Une chose est sûre écrit la Frankfurter Rundschau: il dérange considérablement l’industrie du diamant. Il exaspère le trust sud-africain De Beers , qui contrôle 40% du commerce des diamants.

Sachez encore que la Tageszeitung consacre toute une page aux homosexuels nigérians. Une frange de la population qui vit dangereusement, écrit le journal. L’homosexualité est d’ores et déjà interdite au Nigéria, dans certains Etats musulmans du pays elle est même punie de la peine de mort. Mais un projet de loi actuellement débattu au parlement fédéral va encore plus loin, note le journal: il entend punir tout contact avec des homosexuels. Et puis à propos du forum social mondial à Nairobi le même journal note que, pour une fois, les altermondialistes africains ont été au centre de la rencontre. Ils sont hautement motivés et brûlent de mettre la pression sur leurs gouvernements. Le forum de Nairobi a encouragé le mouvement régional, et plus important encore, lui a donné une cohésion. Pour la Frankfurter Rundschau pourtant, ce forum social mondial se sera terminé comme il a commencé: dans l’indifférence de l’opinion publique internationale.