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Airbus et le cycle du cochon

Anne Le Touzé1 mars 2007

Airbus fait de nouveau la Une des journaux en Allemagne. La présentation, hier à Toulouse, du plan de restructuration censé remettre l’avionneur européen sur la bonne voie, se heurte à la résistance des employés, notamment en Allemagne et en France, les deux pays les plus touchés par la restructuration.

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En Allemagne comme en France, les employés d'Airbus ont déclenché une grève spontanée, hier, après l'annonce du plan Power 8.
En Allemagne comme en France, les employés d'Airbus ont déclenché une grève spontanée, hier, après l'annonce du plan Power 8.Image : AP

La Berliner Zeitung n’est pas du tout d’accord avec le plan présenté par la direction d’Airbus. L’avionneur envisage de supprimer des milliers d’emplois pour assainir ses finances. D’un point de vue politico-économique cela peut paraître logique. Mais ça ne l’est pas. Les livres de commandes pour le nouvel A380 sont tellement pleins qu’ils débordent, mais Airbus n’a pas les capacités de livraison. Selon le journal, tout économiste qui se respecte conseillerait de mettre le paquet sur la production pour répondre à la demande.

Pour la Süddeutsche Zeitung au contraire, Airbus a raison d’agir maintenant. Le journal compare le plan de restructuration de l’avionneur au « cycle du cochon ». Cette théorie économique repose sur une observation datant de la fin des années 1920 : les éleveurs de porcs engraissaient plus d’animaux lorsqu’ils remarquaient que la demande était importante et que les prix étaient élevés. Mais au moment où les bêtes arrivaient sur le marché, il y en avait trop et les prix baissaient soudainement. Pour la Süddeutsche Zeitung donc, Airbus fait bien de réorganiser ses structures et de réduire ses coûts à un moment où la demande explose.

La Frankfurter Rundschau rappelle que ce sont des erreurs fatales de management autour du gros porteur A380 qui ont déclenché la crise chez Airbus. Le journal exprime donc son entière compréhension pour les employés qui descendent dans la rue. Espérons, poursuit la Frankfurter Rundschau, qu’ils réussiront à organiser leurs revendications au-delà des frontières et qu’ils ne se contenteront pas de protester. Les syndicalistes allemands et français doivent lutter main dans la main pour refonder entièrement les structures de production, ils doivent dépasser les égoïsmes nationaux.

La Financial Times Deutschland fait un parallèle entre la rationalisation d’Airbus et la baisse du chômage constatée en Allemagne pour le mois de février. Qu’est-ce qu’une baisse de presque 80.000 chômeurs comparée à la suppression de 3700 emplois ? Pour l’opinion publique, cela peut sembler anodin et le cas d’Airbus semble confirmer dans leur opinion ceux qui ne croient pas à la reprise de la croissance. Pour autant, le scepticisme est exagéré : la suppression des emplois ne signifie pas forcément la mort de ces emplois, comme l’a montré la restructuration du concurrent Boeing. Le journal de conclure : les emplois les plus sûrs sont ceux qui se trouvent dans les entreprises concurrentielles et non ceux qui survivent grâce à l’intervention de la politique.