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Les plaies ouvertes de Jean-Marie Le Pen en Algérie

Tarek Draoui
3 mai 2017

Les exactions commises par Jean-Marie Le Pen, au cours de la guerre d'Algérie, restent ancrées chez les populations d'Alger, alors que sa fille, en course pour la présidentielle, veut se démarquer de son père.

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Jean-Marie Le Pen
Image : Reuters/C. Platiau

Le dimanche 7 mai, Marine Le Pen affrontera Emmanuel Macron lors du second tour de la présidentielle française. Elle est la fille du fondateur du parti d'extrême-droite Front National, Jean-Marie Le Pen. Un homme qui a laissé de très mauvais souvenirs derrière lui, lors de la guerre d'Algérie. En 1985, cinq témoignages publiés dans la presse l'accusaient de torture.

Jean-Marie Le Pen, engagé volontaire comme parachutiste en Algérie en 1957, les qualifiait alors de terroristes et de tueurs. Le général Massu ou le commandant Aussaresses ont eux reconnu qu'il y avait bien eu des actes de torture. En 1968, après l'indépendance de l'Algérie, une loi française d'amnistie générale a concerné "toute infraction commise en relation avec les événements d’Algérie", comme était appelé la guerre d'Algérie à l'époque. S'il n'a pas été jugé, Le Pen n'a pas été oublié à Alger.

Algerienkrieg Einheit der Harkas 1957
Image : picture-alliance/dpa/AFP

Le pen : un nom qui ne laisse personne pas indifférent 

 

"Il était le bras droit de Massu, chargé de la torture. Massu lui même l'appelait, le tortionnaire", dit Mohamed Yahyaoui. C'était en 1957. On était en pleine bataille d’Alger. Mohamed Yahyaoui est historien. Il était un enfant à cette époque. Un enfant qui a eu la chance d'échapper aux affres du "tortionnaire", car beaucoup de son âge en ont fait les frais. 

Parmi eux, Mouloud Mohamed, dont la mère et le frère ont été tués par Le Pen, dans un processus bien ordonné. Il y'avait d'abord l'intimidation.

"Le Pen et ses paras verts de la légion étrangère débarquaient chaque nuit chez nous, complètement saouls. Ils nous mettaient tous debout, enfant et femmes.. Les hommes étaient tous au maquis. Ils nous mettaient debout toute la nuit proférant insultes et injures", explique Mouloud

Après l'intimidation, Le pen formulait des accusations. "Un jour ma mère lui rappela que mon père avait fait la guerre 14/18 et lui a répondu que si mon père avait fait la guerre, ma mère, elle, a mis  au monde des fellagas et qu'à présent nous étions tous des fellagas, c'est à dire des terroristes", poursuit-il. 

 

L'homme au poignard mortel 

 

"Ils sont venus un soir. Ils ont ligoté ma mère au fil de fer. Le lendemain mon frère qui n'était pas à la maison venait s'enquérir de nos nouvelles. Il a été embarqué par Le Pen et son groupe. Quelques jours après, on a appris qu'il était mort dans la villa des roses, une sinistre villa où il pratiquait la torture", se souvient-il. 

Son frère, Ali , fait partie des dizaines de victimes du fondateur du Front national. Yahyaoui l'accuse d'avoir commis des massacres.

"Il a commis des massacres dans tout Alger. Il était aussi connu avec son fameux poignard.  Il torturait et achevait ses victimes après de longs supplices. Cela a causé des dizaines de morts pendant la bataille d'Alger".

Selon plusieurs témoignages,  Jean-Marie Le Pen tuait par sadisme. Il laissait agoniser ses victimes en refusant de les achever.

On l’appelait "le sadique". Ces mauvais souvenirs sont restés indélébiles alors que son passage à Alger n'a duré que quelques mois.