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Allemagne - Russie, la diplomatie en échec?

Philippe Pognan16 août 2016

Le voyage à Iekaterinbourg, en Russie, du ministre allemand des Affaires étrangères et ses propositions pour améliorer la situation des Syriens dans la ville d'Alep, assiégée, n'ont pas abouti à des résultats concrets.

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Außenminister Frank-Walter Steinmeier warnt vor Trump
Image : picture-alliance/AP Photo/C. Owen

"Du pain au lieu des armes – qui ne le voudrait pas?, souligne die taz. Mais la proposition de Steinmeier en faveur d'un pont aérien pour Alep, ce n'est que du vent!", critique le quotidien de Berlin. Car pour assurer un tel approvisionnement par voie aérienne, le gouvernement syrien à Damas doit donner son accord. Or, le président Bachar al-Assad utilise la faim comme arme de guerre et croire qu'il puisse accepter une telle proposition est totalement irréaliste, estime la taz. "Récemment encore, Steinmeier pouvait avoir l'espoir - très minime - que la Russie ferait pression sur son allié Assad, afin qu'il accepte l‘idée d'un pont aérien. Entretemps, après l'échec total des entretiens de Steinmeier avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Iekaterinburg, cette probabilité est réduite à néant!", conclut la taz.

Russland Frank-Walter Steinmeier und Sergei Lawrow in Jekaterinburg
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier (à g.) et son homologue russe Serguei Lavrov à Iekatarinbourg, le 15 août 2016. Un dialogue de sourds?Image : picture-alliance/dpa/TASS/D. Sorokin

La responsabilité de Moscou engagée en Syrie, comme celle de Washington

"Steinmeier supplie littéralement Lavrov pour obtenir un pont aérien afin de nourrir la population civile affamée - et la Russie offre un cessez-le-feu quotidien de trois heures, comme si ce court laps de temps pouvait suffire à ravitailler Alep!, relève le quotidien Tagesspiegel. Sergueï Lavrov rejette toute pause plus longue. Mais le journal rappelle aussi que le président américain Barack Obama avait menacé le dictateur syrien et proclamé que si Bachar al Assad utilisait encore une fois du gaz de combat, il franchirait alors, à ses propres risques, une ligne rouge à ne pas dépasser. Or, poursuit le Tagesspiegel, "depuis qu‘Assad a de nouveau utilisé du gaz de combat, et que rien, mais vraiment rien ne s'est passé, l'homologue d‘Obama à Moscou sait que l'armée de l'air russe peut bombarder la Syrie comme bon lui semble et que rien ne se passera", croit savoir le journal berlinois.

Syrien Aleppo Krankenhaus Patienten mit Atemmasken nach Giftgas Angriff
Syriens soignés dans un hôpital de fortune à Alep, après une attaque au gazImage : Reuters/A. Ismail

Le front ukrainien reste ouvert

"C'est une condamnation à mort pour de nombreux autres civils innocents bloqués dans l'enfer d'Alep, estime le quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung. La diplomatie se révèle une fois encore incapable de mettre fin aux tueries en Syrie. Ceci vaut aussi malheureusement pour le conflit dans l'est de l'Ukraine, où malgré de nombreuses négociations, les armes ne se sont toujours pas tues..."

"Malgré les maigres résultats, Steinmeier n'est pas allé complètement en vain à Iekaterinburg, estime pour sa part la Frankfurter Rundschau. D'une part, il maintient ainsi le dialogue avec Moscou et montre à ses partenaires russes qu'il les prend au sérieux. En outre, il offre à Moscou la chance de se montrer plus conciliant dans les conflits. Un NON, Steinmeier en avait déjà entendu avant, et il aurait pu - qui sait? - obtenir un OUI. Ceux qui attendaient davantage de la rencontre des deux diplomates n'ont pas compris la situation complexe de ces deux conflits [en Syrie et en Ukraine] et devraient faire eux-mêmes des propositions révolutionnaires, aptes à sortir de l'impasse de ces conflits !"conclut le quotidien de Francfort.

Syrien Aleppo Zerstörung
Enjeu majeur de la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans, la ville d'Alep est divisée en quartiers rebelles à l'est et quartiers pro-régimes à l'ouest. Les deux camps ont renforcé leurs effectifs en vue de la bataille qui leur permettrait de s'emparer de la totalité de l'ancienne capitale économique du pays, aujourd'hui dévastée.Image : Reuters/A. Ismail