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Aller à l'école en zone de guerre

Marie-Ange Pioerron31 août 2012

Septembre, c'est dans beaucoup de pays le mois de la rentrée scolaire. En République démocratique du Congo, elle aura lieu le 3 septembre, y compris dans les zones de guerre de l'est du pays.

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Patrouille de casques bleus de l'ONU dans l'est du CongoImage : DW

Là-bas beaucoup d'écoles ont été pillées, d'autres sont occupées par des réfugiés. Cette rentrée, lit-on dans die tageszeitung, ne sera évidemment pas simple dans une région comme le Nord-Kivu. Exemple dans le village de Kibumba, situé directement sur la ligne de front entre forces gouvernementales et rebelles du M23. Depuis quatre semaines, les armes se sont tues. Mais les combats peuvent reprendre à tout moment. Innocent Ruhima, le directeur de l'école, raconte que, comme beaucoup d'autres, il avait fui à la mi-juillet. Il est revenu pour rouvrir l'école, car certains de ses élèves sont de retour. Normalement, est-il précisé dans ce reportage, le parents paient 10 dollars de frais de scolarité par trimestre, les instituteurs sont payés 60 dollars par mois. Mais rien n'est normal à l'école de Kibumba. Les portes ont été à moitié arrachées, les pilleurs ont tout emporté, dit le directeur de l'école: les tables, les chaises, et même le tableau.

Afrika Kongo Flüchtlinge in Goma
Réfugiés à GomaImage : Simone Schlindwein

Dangereux d'être opposant en RDC

Toujours à propos de la RDC, le même journal relate dans son édition du 29 août la disparition d'un opposant, Eugène Diomi Ndongala, chef du parti chrétien démocrate. L'opposition affirme qu'il a été "Battu, empoisonné et qu'il est enfermé dans une cave du palais présidentiel". Les organisations de défense des droits de l'homme ne peuvent le confirmer. Comme le déclare Dolly Ibefo, de La Voix des sans voix, "Nous ne savons pas si Diomi est encore en vie ou non". Ce qui est certain, poursuit le journal, c'est que plus personne ne l'a vu depuis le 27 juin.

König von Swasiland Mswati III.
Roi du Swaziland Mswati IIIImage : AP

Une école pour toutes les ethnies

Comparée aux écoles du Nord-Kivu, l'école dont il est question dans l'hebdomadaire Die Zeit, fait figure de rêve. Elle est située au Swaziland, c'est un United World College, un collège international où des jeunes de 17 et 18 ans peuvent étudier pendant deux ans. Il y a douze United World Colleges à travers le monde. Celui de Waterford Kamhlaba, au Swaziland donc, accueille 600 élèves de 54 nations, explique Die Zeit. Des jeunes comme le Sud-Africain Lerato, le Français Dimitri, les Allemands Sebastian et Leonie. Des idéalistes, souligne le journal, révoltés par les injustices de ce bas monde. Ils ont été sélectionnés en fonction de leurs capacités, et non de la fortune de leurs parents. C'est une école , poursuit Die Zeit, pour toutes les couleurs de peau, toutes les ethnies, toutes les religions, pour une meilleure entente entre les peuples. Mais l'idylle est quand même un peu brouillée. D'une part le Swaziland est parmi les pays les plus pauvres du monde. De l'autre, depuis que l'école accueille des orphelins et des boursiers venus de ghettos noirs, le fossé entre riches et pauvres s'est élargi. Laurence Nodder, le directeur sud-africain blanc de l'école, se demande s'il ne doit pas intervenir plus fermement lorque certains élèves ont plus d'argent sur leur carte de crédit que certains enseignants, alors que d'autres viennent mendier de l'argent dans son bureau pour s'acheter un déodorant.

Inégalités criantes dans la nation arc-en-ciel

Südafrikanischer Bergarbeiterstreik Gewalt und Tote in Marikana
Blessés à MarikanaImage : Reuters

Nous restons en Afrique australe avec un article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung sur la mine de Marikana, en Afrique du sud, cette mine de platine où la police a tué 34 mineurs en grève. Les ouvriers sont déterminés à poursuivre leur combat, lit-on dans cet article paru le 28 août. Mais souligne le journal, cela fait longtemps que la grève ne porte plus seulement sur des revendications salariales. Avec la fin de la ségrégation raciale en 1994 la population noire d'Afrique du sud espérait une vie meilleure. Or le fossé entre riches et pauvres est aujourd'hui plus profond encore que du temps de l'apartheid. Comme le dénonce ce collaborateur d'une fondation soutenue par les églises, Chris Molebatsi, "nos hommes politiques, nos leaders syndicaux, ont tous des participations dans les compagnies minières. Ces gens-là sont de plus en plus riches, ils n'ont aucun problème à dépenser 19 millions de rand pour acheter un buffle". Celui qui voulait acheter un buffle à ce prix-là, soit environ 1,8 million d'euros, précise le journal, c'est l'ancien syndicaliste Cyril Ramaphosa, autrefois militant contre l'apartheid et aujourd'hui l'un des hommes les plus riches du pays.

Mali Bürgerwehr in Gao
Groupe d'auto-défense GaoImage : Reuters

Mali: les occidentaux n'ont rien vu venir

Ce tour d'horizon s'achève au Mali, un pays scindé en deux, avec, comme l'écrit Die Zeit "Des taliban à Tombouctou". Du jour au lendemain le pays a vécu une métamorphose sans pareille, souligne le journal: encensé il y a encore peu de temps comme modèle africain de démocratie et d'islam modéré il passe à présent pour le nouveau théâtre de la guerre contre le terrorisme. Washington, Paris et Bruxelles sont alarmés, et se disent surpris. Or poursuit le journal, les occidentaux auraient dû s'inquiéter dès 2003, en particulier l'Allemagne qui depuis les années 90 a octroyé au Mali une volumineuse aide au développement. Il y a près de dix ans, 15 touristes allemands avaient été enlevés dans le Sahara puis libérés plus tard contre une rançon de cinq millions d'euros. Ce fut le départ d'un boom économique : le business des prises d'otages. Les donateurs occidentaux, souligne le journal, auraient dû alors se rendre compte de ce que la population malienne savait depuis longtemps: l'Etat démocratique et transparent que le mouvement réformateur malien voulait construire après la chute de la dictature au début des années 90 n'était qu'une façade. Elle dissimulait dans le nord un Etat de non-droit enfoncé dans le trafic de migrants, de cigarettes et de drogue.