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ANGELA MACCHIAVELLI.

Christophe LASCOMBES5 mars 2004
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Le commentateur de la Süddeutsche Zeitung n'hésite pas à titrer « Angela Macchiavelli », soulignant ainsi l'ambition dévorante dont fait preuve selon lui la patronne de la CDU. Pourtant, relève le journal, si son objectif a bien été d'éliminer Wolfgang Schäuble, elle n'aura remporté qu'une victoire à la Pyrrhus, car les pertes de ses appuis dans le parti sont trop élevées Si, par contre, elle n'a pas réussi à imposer son candidat, alors elle a bien mal mené sa barque. Dans les deux cas, elle révèle une faiblesse qui pourrait lui être fatale. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Angela Merkel s'est révélée être l'homme politique le plus puissant d'Allemagne. La meilleure preuve en est que pour la première fois dans l'histoire de la République fédérale, le candidat à la présidence ne sera pas un membre actif ou ancien du Parlement, donc quelqu'un qui ne se sera jamais soumis au verdict des urnes. C'est là une belle rupture dans la tradition politique du pays. Pour die Welt, Angela Merkel a parfaitement bien joué, maintenant ouvertes toutes ses options. Malgré tout, si l'objectif de minimiser le risque de défaite était bien une priorité, le contenu politique d'une décision est tout aussi important. Au lieu de présenter aux citoyens un chef-d'œuvre de politique intérieure, les matadors auront été aveuglés par leur stratégie de pouvoir et perdu tout sens de l'intérêt national, critique le journal. Pour la Tageszeitung, de Berlin, si sa victoire n'est pas éclatante, la patronne de la CDU a tout de même obtenu ce qu'elle voulait. Le journal voit lucidement dans le poker politique de ces dernières semaines une filiation évidente. Angela Merkel a imité son mentor en politique, Helmuth Kohl, passé maître dans la discipline « attendre que les choses se tassent ». Tout comme Kohl en son temps, Angela Merkel est sous-estimée par la population. Tout comme Kohl, Angela Merkel manque de ce charisme et de cet éclat intellectuel qui plaît tant aux masses. Mais ce côté effacé est un camouflage très efficace pour dissimuler son ambition politique froidement calculatrice. Pour la Frankfurter Rundschau enfin, jamais une candidature pour la magistrature suprême de l'Allemagne n'aura été aussi visiblement sacrifiée et ce, dès le premier jour, aux intérêts stratégiques de politique partisane. Horst Köhler pourra se démener tant qu'il lui plaira, sa législature en restera malgré tout entachée, conclut le journal.