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Angela Merkel et la Pologne

Anne Le Touzé5 décembre 2005

Alors que le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier était à Moscou, Angela Merkel a fait sa première visite officielle en Pologne vendredi dernier, où elle a rencontré le nouveau président Lech Kaczynski et son gouvernement. Une visite délicate, car les sujets de friction entre les deux pays sont multiples. Mais la chancelière s’est montrée à la hauteur de la tâche et a jeté les bases de la nouvelle politique du gouvernement en direction des pays de l’Est, relève la presse allemande.

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Angela Merkel et le président polonais Lech Kaczynski
Angela Merkel et le président polonais Lech KaczynskiImage : AP

En affirmant que les relations germano-polonaises n’ont « jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui », Angela Merkel aurait-elle oublié les tensions entre les deux pays à propos du projet de Berlin de créer un Centre dédié à la mémoire des Allemands expulsés, s’interroge la Frankfurter Allgemeine Zeitung ? Un projet qui est à l’origine d’un regain du sentiment germanophobe en Pologne ? De même, la chancelière aurait-elle oublié les dissensions entre les deux pays sur la guerre en Irak ou sur le Traité constitutionnel européen ? Et enfin, les protestations polonaises à propos du gazoduc qui relie l’Allemagne et la Russie sans s’arrêter en Pologne ? Non, rassure la FAZ. La chancelière a tout à fait conscience de ces antagonismes, mais en parlant d’ « aujourd’hui », elle fait référence aux progrès accomplis en 250 ans d’histoire germano-polonaise. En outre, poursuit le quotidien, le sentiment anti-allemand, ne subsistera pas dans le contexte d’une Europe unie. Et il est dans l’intérêt du nouveau gouvernement de Varsovie d’y travailler.

Etant donné le scepticisme qui l’a précédée, la rencontre a été positive, voire optimiste, estime Die Welt, qui célèbre un retour à la normalité dans les relations germano-polonaises. Aujourd’hui, Berlin perçoit son voisin polonais comme un partenaire à part entière en Europe. Les nouveaux accents de la politique étrangère allemande, à savoir des relations plus étroites avec Washington, mais plus distantes avec Moscou, couplées à une attention plus grande envers les petits pays de l’Union européenne, devraient faciliter la compréhension mutuelle, estime Die Welt.

Enfin, la Tageszeitung relève le pragmatisme avec lequel le nouveau gouvernement allemand envisage sa politique vers les pays de l’Est. Le président polonais a gagné les élections en jouant la carte de la germanophobie ? Berlin s’en contentera et ne lui sacrifiera pas une coopération basée sur la confiance. Varsovie compare la construction du gazoduc à la destruction historique de la Pologne par l’axe germano-russe ? Il s’agit en réalité d’un problème d’approvision­nement en énergie. Comme elle l’a déjà montré en politique intérieure, Angela Merkel prouve qu’elle sait gérer les crises tout en jonglant avec les symboles politiques. Comme son prédécesseur, le nouveau gouvernement allemand va essayer d’atténuer les polémiques symboliques et morales au profit du pragmatisme économique.