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Appel à plus de solidarité en Allemagne

3 octobre 2010

La fête de l'unité allemande a été célébrée à Brême, en présence de plus de mille invités d'Allemagne et de l'étranger. Le président fédéral Christian Wulff y a prononcé son premier grand discours.

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Christian WulffImage : dapd

Christian Wulff a d'abord salué le courage des citoyens de l'ex-RDA lors de la chute du mur en 1989 : « Je m'agenouille devant tous ceux qui ont lutté pour cette liberté » a-t-il déclaré dimanche lors de la cérémonie officielle à Brême, tout en regrettant le manque de reconnaissance envers ces Allemands qui ont dû changer radicalement de vie. C'était le premier grand discours du président fédéral depuis son entrée en fonction il y a près de 100 jours.

Devant des représentants de la politique allemande et des invités étrangers, Christian Wulff a mis en garde contre le fossé qui se creuse au sein de la société allemande : entre les générations, entre les hauts revenus et ceux qui vivent du minimum existentiel, entre le peuple et ses représentants ainsi qu'entre les gens de différentes cultures et croyances. Sans mentionner directement les thèses récemment défendues par l'ex-dirigeant de la Bundesbank Thilo Sarrazin concernant le manque d'intégration des musulmans, Christian Wulff a estimé que le débat sur cette question était indispensable, mais qu'il devait être mené sans blesser les citoyens allemands d'origine étrangère.

Feier zum Tag der Deutschen Einheit in Bremen 2010
Angela Merkel saluée par les BrêmoisImage : dapd

Respecter et protéger la constitution

Le président allemand a rappelé en des termes très clairs que le sloggan « Nous sommes un peuple » s'adressait à tout le monde. Tous les habitants d'Allemagne doivent respecter et protéger la constitution et les valeurs qui y sont inscrites, a-t-il souligné. « Ceux qui ne le font pas, ceux qui méprisent notre pays et ses valeurs, peuvent compter sur notre résistance. Ceci est valable autant pour les fondamentalistes que pour les extrémistes, de droite comme de gauche. »

Christian Wulff n'a pas omis de mentionner les progrès à réaliser : selon lui, il reste encore beaucoup à faire dans de nombreux domaines, notamment concernant les cours d'intégration et de langue, les cours de langue maternelle ou encore de religion islamique par des enseignants formés en Allemagne. Aucun enfant, a martelé le président, ne devrait arriver à l'école sans parler allemand ni la quitter sans diplôme.

Bremen Deutsche Einheit Merkel Wulff Böhrnsen
Wulff et Merkel s'inscrivent dans le livre d'or de la ville de BrêmeImage : picture-alliance/dpa

Appel à la tolérance et à la solidarité

Dans le même temps, Christian Wulff a appelé à davantage de tolérance, d'aptitude au compromis et de solidarité au sein de la société. S'adressant aux élites du pays, il a déclaré : « ceux qui se réclament de l'élite politique ou économique et qui se retranchent dans un monde parallèle se désolidarisent de la société. »

Le président a également appelé les Allemands à prendre en main ensemble leur avenir. « La meilleure manière de renforcer la solidarité est de faire confiance aux autres », a estimé Christian Wulff en plaidant pour un engagement plus fort des Allemands dans les activités bénévoles, notamment pour aider les personnes âgées, ainsi que pour une meilleure intégration dans la société des personnes handicapées. « Il faut que ce pays soit celui de tous » a-t-il souligné.

Célébration œcuménique

Les festivités du 20ème anniversaire de la réunification avaient commencé par un service œcuménique en la cathédrale Saint Pierre de Brême, auquel ont participé non seulement le président et la chancelière, mais aussi plusieurs ministres et ministres-présidents des Länder, ambassadeurs et délégations étrangères. Dans son homélie, l'évêque catholique Franz-Josef Bode a rappelé les acquis de la réunification pacifique des deux Allemagnes. Il a également appelé les Allemands à être reconnaissants envers l'unité acquise.

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La fête bat son plein autour la reproduction de la Porte de Brandebourg à BrêmeImage : picture-alliance/dpa

« En ces temps de crise dans la société, l'Eglise et le monde, nous devrions saisir la chance d'une Allemagne unie et forte pour puiser des forces afin d'aller de l'avant », a souligné l'évêque, tout en pointant du doigt des agissements sans scrupule après la réunification.

Le problème d'une société divisée

Au nom de l'Eglise évangélique de Brême, le pasteur Renke Brahms a critiqué un fossé de plus en plus grand entre les différentes couches de la société. La frontière ne se situe plus entre l'est et l'ouest, mais « le mur qui sépare les pauvres des riches se dresse désormais aussi entre le nord et le sud, entre les communes et les quartiers », a déclaré le pasteur.

Evoquant la crise économique, il a ajouté : « ceux qui n'ont d'yeux que pour leurs avantages personnels et non pour le bien commun ne sont pas seulement des égoïstes : ils menacent l'unité. La croissance n'est pas seulement une question d'économie et de finances, mais aussi de lien entre des gens de différentes mentalités, cultures et religions. »

Félicitations américaines

A l'occasion de la cérémonie officielle, le président américain Barack Obama a félicité les Allemands. Dans un communiqué de la Maison Blanche, il a rendu hommage « au courage et à la conviction des Allemands qui ont fait chuter le mur de Berlin et mis fin à des décennies de division douloureuse et artificielle ».

Obama / USA / Irak / Rede an die Nation
Barack Obama a envoyé ses félicitationsImage : AP

Selon le président américain, la réunification a été un événement historique qui a entraîné joie et espoir. L'unité allemande a conduit à une liberté encore inédite sur le continent européen et dans le monde. L'Allemagne compte parmi les alliés et les amis les plus proches des Etats-Unis, a dit encore Barack Obama. Les Américains sont fiers de leur rôle dans la défense d'un Berlin libre et de leur soutien aux Allemands dans leur quête de dignité. « Nous continuons d'être fiers de notre collaboration avec nos alliés allemands. »

Le rôle-clé de Moscou

Des félicitations sont également arrivées de Moscou. Le président russe Dmitri Medvedev a rappelé la contribution essentielle de la Russie à cet événement historique. Dans une lettre adressée à Christian Wulff et Angela Merkel, il a souligné le « rôle-clé » du Kremlin, non seulement dans l'unité allemande, mais aussi dans celle de l'Europe. Et estimé que les fondements d'un « dialogue basé sur la confiance » entre la Russie et l'Allemagne remontent à cette époque.

Bons baisers de l'espace

L'Allemagne a même reçu des vœux extraterrestres. Depuis la station spatiale ISS, le commandant américain Doug Wheelock a adressé un message en direct aux participants de la cérémonie de Brême. Trois astronautes ont également évoqué la « coopération sincère et internationale » à bord. La station spatiale ISS tourne à 400 kilomètres autour de la Terre à une vitesse de 28.000 kilomètres/heure.

Feier zum Tag der Deutschen Einheit in Bremen 2010
Les musiciens de Brême, emblême de la villeImage : picture-alliance/dpa

L'unité célébrée partout

Il n'y a pas qu'à Brême, que l'on célèbre la réunification. Dans la capitale, Berlin, la fête se passe à la Porte de Brandebourg. Le Bundestag organise lui aussi un événement dans la soirée pour commémorer la grande nuit du 3 octobre 1990. Ce soir également, sera remis le Prix de l'Unité à la Berliner Konzerthaus. Les lauréats sont, entre autres, la Bundeswehr, le Premier ministre grec Georges Papandréou ainsi que le dernier Premier ministre de la RDA, Lothar de Maizière et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui a négocié le contrat de réunification il y a 20 ans.

Auteurs : Eleonore Uhlich / Anne Le Touzé
Edition : Mulay Abd'el Aziz