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Après le Cameroun, où peuvent frapper les jihadistes ?

Carole Assignon 20 février 2013

Après l’enlèvement de sept Français, la France appelle ses ressortissants à quitter le nord du Cameroun. Ce rapt pose une nouvelle fois la question du terrorisme sans frontière en Afrique de l'Ouest. Analyse.

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Les Français enlevés venaient de visiter le parc naturel de Waza
Les Français enlevés venaient de visiter le parc naturel de WazaImage : picture-alliance/dpa

L'enlèvement de ces sept Français n'a pas été revendiqué, mais selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, les éléments disponibles laissent penser qu'il est l'œuvre de la secte islamiste nigériane Boko Haram.

Jusqu'à présent, le Cameroun semblait relativement épargné par les rapts d'étrangers. Et si le Jean-Yves Le Drian écarte un lien éventuel entre cette prise d'otage et l'intervention de la France au Mali, il reconnaît toutefois que la méthode reste la même. La menace islamiste, même si elle n'est pas prouvée pour le moment dans cette affaire, plane sur plusieurs autres pays africains.

Appel à la vigilance

L'Afrique de l'Ouest et particulièrement la zone sahélo-saharienne semble désormais être l'espace de prédilection des islamistes armés qui y mènent sans cesse leurs opérations de kidnapping. Cet espace géostratégique qui couvre et englobe partiellement ou totalement plusieurs pays membres de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), est plus que jamais menacé à en croire Aliou Barry, spécialiste des questions de défense et de sécurité des pays africains :

« Les islamistes ont compris une chose : ils ne font plus comme en Afghanistan, ils ne regroupent plus une armée pour aller affronter par exemple la communauté internationale. Au niveau de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, nous demandons à ces États d’être très vigilants. Parce que les islamistes, s’ils sont chassés du Mali, ils vont se replier sur ces zones dont ont sait que les frontières sont très poreuses. »

Les restes d'une voiture piégée à Bauchi, au Nigeria, le 23 september 2012
Malgré la violence de la réponse armée, le Nigeria n'a pour l'instant par réussi à mettre un terme aux attentats de Boko HaramImage : picture-alliance/dpa

Du Cameroun jusqu'en Guinée

Aliou Barry poursuit : «La Guinée commence à s'inquiéter, parce qu'il semblerait que des islamistes sont en train de rentrer de façon clandestine en Guinée. En plus, à côté, vous n'avez pratiquement que des pays qui, soit sortent de crise, soit des pays où les États ont très faibles. C'est un terreau très fertile pour ces mouvements islamistes jihadistes, parce qu'ils ont les moyens financiers et en face vous avez une jeunesse qui chôme. Tous ceux qui observent ce qui se passe en Afrique de l'Ouest et dans la zone sahélo-saharienne sont très inquiets, sur ce cancer jihadiste qui risque d'envahir tous ces États.»

Le tourisme durement touché

Toujours selon Aliou Barry, le terrorisme armé dans le Sahel a eu un impact très néfaste sur l'économie des pays concernés, en raison notamment de l'insécurité grandissante, orchestrée par les islamistes armés présents dans la région.

« Tout les parcs au Cameroun ne sont plus visités. Pratiquement, la deuxième activité de recette financière du Mali, c’était le tourisme. Aujourd'hui, plus personne ne va à Tombouctou, à Gao... Personne ne visite non plus le Sahel aujourd’hui, il n’y a plus de tourisme. »

La situation est d’autant plus alarmante qu’elle pourrait également entraîner une crise alimentaire dans la région. L’insécurité faisant des déplacés, les récoltes pourraient en pâtir.