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Arrestations au Zimbabwe au lendemain du référendum

Anne Le Touzé (avec AFP, Reuters, DPA)17 mars 2013

Plusieurs personnalités de l'opposition ont été interpellées dimanche, un jour après un référendum sur une nouvelle constitution. La journée de vote s'est déroulée dans le calme, mais sans enthousiasme.

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Une file d'attente devant un bureau de vote
Une file d'attente devant un bureau de voteImage : Reuters

Quelque 5,5 millions d'électeurs étaient appelés à s'exprimer sur une réforme de la Constitution zimbabwéenne. Mais « la participation a été plus faible que prévu » selon Solmon Zwana, du « Zimbabwe Election Support Network », une coalition qui regroupe 350 associations de la société civile. « Beaucoup de gens ont eu l'impression de manquer de temps pour préparer le référendum et se confronter au texte. Certains ont dit qu'ils n'avaient même jamais vu le document et que ce sont les politiciens qui ont dit aux gens d'aller voter oui. »

La victoire du oui assurée

En dépit de la faible participation, les premiers résultats confirment les prévisions. Selon le quotidien d'État The Herald, le oui l'emporte largement dans la plupart des circonscriptions où le dépouillement a déjà eu lieu. Un résultat qui n'est pas étonnant, étant donné que tous les grands partis avaient fait campagne en faveur du texte, issu de trois longues années de négociations. Ainsi, la Zanu-PF du président Robert Mugabe, mais aussi son principal rival de l'opposition, le Mouvement pour le Changement démocratique (MDC) avaient appelé à voter oui au référendum. « Cette Constitution est une libération et un pas vers un État de droit » a déclaré le Premier ministre Morgan Tsvangirai, également chef du MDC, en mettant son bulletin dans l'urne. L'adoption d'une nouvelle Constitution figurait dans les accords passés fin 2008 entre les deux adversaires de l'élection présidentielle pour éviter une guerre civile au pays, après une campagne électorale sanglante.

Morgan Tsvangirai, Premier ministre de cohabitation
Morgan Tsvangirai, Premier ministre de cohabitationImage : Jekesai Njikizana/AFP/Getty Images

Plus de démocratie ?

La réforme de la Constitution vise à instaurer davantage de démocratie dans un pays dirigé depuis 33 ans par Robert Mugabe et économiquement à bout de souffle. Outre le rééquilibrage institutionnel en faveur du Parlement et du gouvernement, elle prévoit de limiter le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. Toutefois, la mesure n'est pas rétroactive. Cela devrait donc permettre au président, qui vient de célébrer en grande pompe ses 89 ans, de briguer encore deux fois la magistrature suprême et donc, en cas de victoire, de diriger le pays jusqu'à ses 99 ans.

Des élections sont justement prévues en juillet. Selon Claus Stäcker, directeur du département Afrique de la Deutsche Welle, les Zimbabwéens attendent beaucoup de ce rendez-vous : « Nous savons que depuis 2002, toutes les élections ont été influencées et manipulées en faveur de Robert Mugabe. Là, l'espoir est grand que les élections qui devraient avoir lieu dans la foulée du référendum donnent enfin le résultat escompté, à savoir une élection vraiment libre et un gouvernement vraiment démocratique et légitime, qu'il soit dirigé par Robert Mugabe ou par un dirigeant de l'opposition comme Morgan Tsvangirai. »

Robert Mugabe dirige le Zimbabwe depuis l'indépendance, il est le doyen des chefs d'État africains
Robert Mugabe dirige le Zimbabwe depuis l'indépendance, il est le doyen des chefs d'État africainsImage : AFP/Getty Images

Dès samedi, Morgan Tsvangirai a appelé la SADC, l'organisation régionale qui parraine le processus politique au Zimbabwe, à faire pression sur Robert Mugabe afin d'assurer la crédibilité du futur scrutin. Les élections de 2002, 2005 et 2008 avaient été entachées d'irrégularités et de violences. Et le MDC de Morgan Tsvangirai avait été régulièrement inquiété par des partisans du président et par les forces de l'ordre. En 2009, Morgan Tsvangirai est devenu Premier ministre au sein d'un gouvernement de cohabitation imposé pour éviter une guerre civile. Mais nombre de ses partisans continuent de vivre la peur au ventre, d'être pris à parti voire physiquement agressés. Les militants de la société civile ne sont pas épargnés.

Arrestations dans l'entourage du Premier ministre

Après l'interpellation, samedi, d'un responsable régional du MDC, trois assistants de Morgan Tsvangirai ont ainsi été arrêtés dimanche matin par des policiers en civil sans que les motifs de ces arrestations n'aient été précisés. Leurs bureaux ont été perquisitionnés. Plus tard, une avocate spécialisée dans la défense des droits de l'homme, Beatrice Mtetwa, a été elle aussi interpellée pour « obstruction au travail de la police ». Elle s'était rendue en urgence sur les lieux de la perquisition pour prêter assistance aux collaborateurs du Premier ministre.