Au feu, monsieur Poutine!
6 août 2010
Une femme fuit les flammes, la tête dans les mains, pendant que des soldats marchent en sens inverse et se dirigent vers l'incendie. La photo qui illustre la Une de la tageszeitung est titrée "la Russie brûle et le désespoir de la population croît". Pour une fois, note le quotidien, les autorités politiques qui en général ne lésinent pas sur la glorification de leur toute-puissance, admettent n'avoir que peu d'influence sur la nature. Le Premier ministre Vladimir Poutine et son président Dmitri Medvedev découvrent tout d'un coup une limite pratique à leur pouvoir. Sauf qu'il serait trop facile de faire porter le chapeau au seul climat. Cet enfer dans lequel est plongée la Russie depuis plus d'une semaine révèle également l'incompétence de sa classe politique.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'intéresse de plus prêt au rôle de Vladimir Poutine. Depuis le début de la crise, il est sur tous les fronts, serrant la main des pompiers, encourageant les bénévoles, réconfortant les victimes à qui il promet de nouvelles maisons. Pour le quotidien, le message est clair: le Premier ministre veut apparaître comme le meilleur allié des Russes dans leur lutte quotidienne contre les fonctionnaires corrompus et négligeants. Il se sert ainsi de la méfiance généralisée et justifiée de la population à l'égard des autorités pour décupler sa popularité. Pour certains, la catastrophe naturelle démontre pourtant essentiellement les faiblesses du système pyramidal que Vladimir Poutine a mis en place lors des huit années de sa présidence.
Avant de passer à la remarquable générosité de milliardaires américains, un mot sur la mannequin britannique Naomi Campbell, dont la photo est à la Une de nombreux quotidiens. La top-model a témoigné hier dans le cadre du procès pour crimes de guerre de l'ancien président libérien Charles Taylor, devant le Tribunal pénal international pour la Sierra-Leone. Le caricaturiste de la Süddeutsche Zeitung la fait défiler, elle et le fabuleux diamant qu'elle porte à la main droite, devant des juges pour la plupart béats d'admiration. Il est probable que sa déposition ne change finalement pas grand chose au procès, estiment les éditorialistes.
Mais revenons donc pour finir à ce projet lancé par les deux hommes qui comptent parmi les plus riches du monde, Bill Gates et Warren Buffett. Un projet qui consiste pour une quarantaine de milliardaires américains à faire don d'environ 50% de leur fortune au profit de projets carritatifs. Une initiative saluée par die Welt qui déplore la méfiance ambiante en Allemagne à l'encontre des gens qui gagnent beaucoup d'argent. La tageszeitung en revanche est mordante: une bonne action pour se donner bonne conscience. Qui sait, peut-être que ces généreux donateurs arriveront plus vite au paradis que les autres? Après tout, à déjà 80 ans, Warren Buffet a raison d'y penser.
Auteur: Konstanze von Kotze
Edition: Sandrine Blanchard