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Bachar el-Assad ne promet rien de concret

30 mars 2011

Ce mercredi devant le Parlement, à Damas, le président Bachar el-Assad s’est adressé directement aux Syriens dans un discours qui était fort attendu, mais il n'a pas vraiment répondu aux exigences des opposants.

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Des Syriens suivent en direct le discours télévisé du président Bachar el-AssadImage : dapd

Ces deux dernières semaines, la Syrie a connu une vague de contestations sans précédent. Des épisodes de protestation brutalement réprimés, mais qui ont finalement abouti à la démission du gouvernement. Une mesure ressentie par de nombreux Syriens comme une pure manœuvre pour tempérer le courroux populaire. L’homme fort de la Syrie, le président Bachar el-Assad, au pouvoir depuis la mort de son père il y onze ans, ne pouvait toutefois rester sourd à la gronde de son peuple.

C’est après de longs applaudissements des caciques de son pouvoir que le président a commencé à parler. Bachar el-Assad s’est présenté comme le père de la Nation, soucieux avant tout du bien-être des Syriens. Il a parlé d’un « moment exceptionnel et d'un test pour l’unité de la Nation ». La Syrie n’est pas isolée du monde arabe, a -t-il affirmé et il a appelé à l’unité contre les ennemis intérieurs et extérieurs de la Syrie. « Sur le plan intérieur, nous nous sommes ouverts, avons engagé un dialogue. Certes, nous devons faire plus », a- t- il admis.

Des opposants manipulés depuis l'étranger

Sur le plan extérieur, la Syrie a dû et doit faire face à de nombreuses pressions. Evoquant le mouvement qui agite aussi les autres pays arabes pour plus de liberté et de réformes, il a assuré soutenir ce mouvement, mais a averti certains groupes de ne pas se laisser séduire par de mauvaises influences. Et selon le président - régulièrement interrompu par des vagues d’applaudissements ou des interventions de louanges, à l’évidence savamment orchestrées - des conspirateurs tenteraient de détruire l’Etat. Selon lui, ils ont commencé dans la ville de Deraa, dont les habitants ont été menés par des forces influencées par l’étranger.

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Des manifestants anti-gouvernementaux à Deraa, le 23 marsImage : AP

« Les droits des citoyens doivent être satisfaits par le gouvernement et non pas par des pressions ou des conspirations venues de l’étranger » a martelé le président qui a assuré que 95% de son discours étaient consacrés aux besoins de son peuple.

On sait qu'en Syrie, une partie importante des 22 millions d'habitants ne demande pas forcément le départ du président, mais aspire à des réformes démocratiques. Ils revendiquent aussi l’instauration d’un système politique multipartite, la liberté de la presse, des mesures anti-corruption. Et ils aspirent aussi à l’amélioration de leur niveau de vie.

Et avant tout, ils souhaitent la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963, depuis l'arrivée au pouvoir du parti unique Baas à la faveur d'un putsch.

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Et à l'occasion d'une manifestation favorables au chef de l'EtatImage : dapd

Mercredi, le président a promis d’ouvrir le paysage politique. Bachar el-Assad, qui est aussi commandant en chef des forces armées et secrétaire général du Baas ,a indiqué que la lutte contre la corruption et le chômage serait une "priorité" du prochain gouvernement. Le président syrien a assuré sa volonté de libéraliser le régime : « Nous sommes totalement favorables à des réformes. C'est le devoir de l'Etat. Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions », a-t-il poursuivi, sans remettre un moment en cause sa propre autorité.

Le président a en effet achevé son discours sans annonces concrètes. Bachar el-Assad n'a pas promis de nouvelles lois sur les médias et le pluralisme politique. Et surtout, il n'a pas évoqué l'abrogation tant attendue de l'état d'urgence.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange Pioerron