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Biélorussie, dictature européenne?

Sandrine Blanchard21 mars 2006

Le président réélu du Bélarus, Alexandre Lukachenko, ne démord pas des 82, 6% des suffrages dont le créditent les résultats officiels du scrutin de dimanche dernier. Et ce, malgré les critiques de l’occident et les manifestations de l’opposition. Désormais, l’Union européenne estime que de nouvelles sanctions contre le pouvoir biélorusse sont « très probables ». Et les journaux allemands font leur Une ce matin sur la situation de plus en plus tendue dans le pays.

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Opposant biélorusse
Opposant biélorusseImage : AP

« Elections dictatoriales », c’est le titre choisi par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Un titre qui reflète assez bien les avis représentés dans la presse allemande. Pour la FAZ, le président Lukachenko n’a laissé des candidats de l’opposition se présenter aux élections que pour sauver la face. Il en va de même avec l’invitation faite à l’OSCE d’observer le scrutin. Mais au moins, souligne le journal, les élections ont eu cela de bon qu’elles ont attiré l’attention des Européens sur la situation au Bélarus, un pays à côté duquel la Serbie de Milosevic aurait eu des allures d’ « état libéral ».

Pour la Süddeutsche Zeitung, la soi-disant élection en Biélorussie est une provocation pour l’Europe. Le quotidien munichois explique que les 82,6% dont s’auto-crédite Alexander Lukachenko sont censés montrer à quel point la population aime son président. En réalité, ces résultats absurdes trahissent, pour la SZ, la peur du despote face à son peuple. Quant aux félicitations en provenance de Russie, elles ne font que souligner les manipulations grossières du pouvoir biélorusse : Moscou a l’habitude, écrit le journal, de cautionner les élections truquées.

Les élections ont été une farce, écrit elle aussi la tageszeitung. Très bien, mais alors quelles conclusions en tirer au sein de l’UE, se demande le journal ? Les anciens pays du bloc de l’Est aimeraient voir le cas Lukachenko devenir priorité n°1 à Bruxelles. Les états de l’ouest, eux, sont dans une position délicate, étant donné que la Biélorussie est l’un des alliés les plus fidèles du président russe, Vladimir Poutine. D’où les menaces de « sanctions soft » : l’UE se contente de serrer les poings devant le rideau de fer, regrette la taz, les Européens n’ont pas envie de se brouiller avec Moscou.

Moscou à qui la Frankfurter Rundschau recommande la prudence. Certes, cela peut arranger le Kremlin d’avoir un voisin qui canalise les critiques internationales sur les violations des droits de l’homme, mais Vladimir Poutine devrait faire attention de ne pas trop s’engager à Minsk. Surtout juste avant le sommet du G8 qui doit se tenir en Russie.