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Bientôt un État palestinien membre de l'ONU ?

19 septembre 2011

Après vingt années de négociations infructueuses avec Israël, les Palestiniens veulent enfin leur propre État.

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Activiste palestinienne devant le QG de l'ONU à Ramallah, en CisjordanieImage : dapd

Ce week-end, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a confirmé son intention de déposer vendredi une demande d'adhésion de la Palestine en tant qu’État membre à part entière de l'ONU, à l'occasion de l'Assemblée générale annuelle de l'organisation le 23 septembre. Mais la voie vers un État palestinien passe-t-elle vraiment par l'ONU ?

Comme Washington ou Londres, Berlin plaide pour la solution des deux États au Proche-Orient. C'est ce qu'a réaffirmé récemment la chancelière allemande Angela Merkel :

« Nous voulons la solution des deux États … il faut y travailler. Nous ne croyons pas que des initiatives unilatérales fassent avancer les choses… »

Hier, à New York, les représentants du Quartet (Union européenne, États-Unis, Russie et Nations unies) se sont réunis pour tenter de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes. Leur objectif : éviter une épreuve de force lors de l'Assemblée générale de l'ONU. Toutefois, rien n'est officiellement ressorti de ces discussions.

Mais le président des Palestiniens, lui, ne veut plus attendre et veut prendre les choses en mains. Assuré du soutien de très nombreux pays, Mahmoud Abbas va donc déposer une demande d'adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l'ONU :

Abbas Rede Ramallah
Le président palestinien Mahmoud AbbasImage : dapd

« Notre action n’est pas une initiative unilatérale comme on le prétend et n’est pas en contradiction avec des négociations, mais repose sur le droit international… »

Le président Abbas se dit aussi partisan de la solution des 2 États. Saab Erekat, l’ex-négociateur en chef des Palestiniens, explique ce que les Palestiniens attendent du statut demandé :

« Le statut légal de notre pays changera : ce sera alors un État qui est occupé par un État membre de l’ONU. Et quand on lit la Charte des Nations unies, il est clair que cela fait une différence si un État membre de l’ONU qui occupe un autre État membre avec des frontières reconnues. »

Vendredi, le président Abbas présentera au Conseil de sécurité la demande d'adhésion d'un État de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est comme capitale. Israël rejette catégoriquement une telle demande. Selon le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, « la paix ne s'obtiendra pas par une démarche unilatérale à l'ONU ».

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Palestiniens à Gaza fêtant la réconciliation annoncée entre Hamas et Fatah, fin avril 2011Image : ap

Une difficulté pour les Palestiniens réside aussi dans le fait que Mahmoud Abbas se déclare « seul représentant légitime du peuple palestinien », en qualité de chef de l'OLP, l’Organisation de libération de la Palestine. Mais l’OLP ne règne en maître qu'en Cisjordanie, la bande de Gaza, elle, est dirigée par le mouvement islamiste du Hamas. Le mouvement islamiste, qui négocie depuis quelque temps la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, accuse le parti du président Abbas d'avoir agi sans concertation. « Il aurait dû y avoir d'abord un consensus sur une stratégie nationale unifiée plutôt qu'une décision solitaire », a fait savoir un dirigeant du Hamas, Ismaïl Radwane.

Mais de toute facon, pour le Hamas, la proclamation d'un État palestinien tel que le demande Mahmoud Abbas ne peut être qu'une "première étape". Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement du Hamas, Mahmoud a-Zahhar:

« …Nous voulons toute la Palestine. Il ne doit pas y avoir là de malentendu. Si notre génération n’y arrive pas, alors la prochaine, elle, réussira. Et nous éduquons nos enfants en ce sens. La Palestine, c’est toute la Palestine, et il n’y a pas de place pour Israël en son cœur... »

Pour le Hamas, la "Palestine historique" s'étend sur tout le territoire de la Palestine sous mandat britannique (1920-1948), avant la création de l'État hébreu, du fleuve du Jourdain à la mer Méditerranée, y compris donc sur le territoire actuel de l'État d'Israël.

Il faut noter que le Hamas refuse également de reconnaitre l'État hébreu. Le conflit semble donc loin d’être réglé.

Auteurs : Peter Philipp, Philippe Pognan
Édition : Sébastien Martineau