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« Bienvenue l'Europe » (Die Welt)

Yvon Arsenijevic30 avril 2004

Kleinmaischeid – c’est un bourg du Westerwald, en Allemagne, par 7 degrés 35 minutes 50 secondes de longitude Est et 50 degrés 31 minutes 31 secondes de latitude Nord. C’est le nouveau centre géographique de la nouvelle Europe qui naîtra ce soir à minuit. L’ancien était en Belgique. C’est la Süddeutsche Zeitung, à Munich, qui rapporte l’anecdote aujourd’hui ; une parmi mille autres dans une presse écrite allemande qui fourmille de drapeaux bleus étoilés, de regards tournés vers l’avenir et de nombreuses réflexions.

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Image : European Communities

Réflexions dessinées parfois – avec la Süddeutsche Zeitung où les 25 étoiles (eh oui 25 désormais !) forment, devinez : une étoile filante bien sûr, avec cette légende : l’avenir est dans ... les étoiles. C’est facile, mais c’est une bonne synthèse des commentaires de la presse sur ce que le journal de Munich appelle « La grande Europe ».
Bon, au départ, il y a quand même de vrais enthousiasmes : « Avons-nous seulement compris ce qui nous arrive ? » demande par exemple Die Welt. On en parle depuis des mois de cet élargissement – au point que l’événement a souvent rejoint la grisaille du quotidien. Quelle erreur ! s’exclame le journal de Berlin – alors que nous vivons l’un des instants les plus importants de l’histoire européenne, l’un des plus beaux aussi puisqu’il tourne enfin – et définitivement – la page de la division de l’Europe.
L’Europe qui « sort de l’ombre d’Hitler et de Staline », renchérit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est un grand pas – malgré toutes les inquiétudes et tous les doutes, nuance quand même notre confrère pour qui ce premier mai 2004 est comme un « sommet », comme une apogée de la réussite européenne, avec le risque – peut-être – de devoir redescendre.
C’est une expérience, insiste de son côté Die Tageszeitung à Berlin, une expérience dont personne aujourd’hui ne sait comment elle se terminera, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan politique.
Car la peur est là, explique le Handelsblatt de Düsseldorf, peur fondamentale des Allemands, encore avivée par le changement qu’implique l’élargissement, la peur de l’immigration, d’un chômage encore plus galopant, d’une concurrence encore plus dure. Mais craintes non fondées, souligne le journal économique, soudain confiant : l’Europe va certes connaître un processus d’adaptation difficile sur le chemin de la répartition du travail industriel, mais à terme, le marché intérieur élargi sera un grand programme de prospérité.
Côté politique maintenant, la Frankfurter Rundschau plaide pour un approfondissement. « De la grandeur à la force » titre le journal et explique : à la dimension géographique, il faut désormais absolument jouter une dimension politique. Si cela devait échouer à cause de quelconques prétentions nationales, l’Union se mettrait elle-même en marge de l’histoire. Personne n’a besoin d’une Europe grande et faible. Ni le reste du monde ni les Européens.