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Bouclier antimissile controversé

Yann Durand19 mars 2007

L’Allemagne craint que le projet controversé de bouclier antimissile développé par les Etats-Unis mène à une nouvelle course aux armements en Europe. « Aucun système militaire pour aussi sophistiqué qu’il soit ne peut garantir une protection à 100 % ». C’est ce qu’a déclaré le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dont le parti social démocrate s’oppose vivement à l’installation de dix missiles intercepteurs en Pologne et d’un radar en République Tchèque. La Russie se sentant menacée prédit des répercussions négatives sur ses relations avec l’OTAN. La presse allemande commente abondamment le sujet.

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Dispositif antimissile au Japon. Les États-Unis veulent en installer de semblables en Pologne, au grand dam de l'Europe.
Dispositif antimissile au Japon. Les États-Unis veulent en installer de semblables en Pologne, au grand dam de l'Europe.Image : AP

"La réalité est telle qu’aujourd’hui rien n’existe qui puisse concurrencer l’efficacité d’un bouclier antimissile." Selon le quotidien Die Welt en effet, ni les USA ni Israel ni la Russie, sans parler de l’Europe ne maîtrisent l’art d’anéantir en vol un missile spatial au moyen d’un autre. Or poursuit le journal, le calcul de la probabilité dissuasive perd en crédibilité. L’évolution géopolitique mondiale, de par l’avènement de puissances moyennes et d’états terroristes, a effacé le fragile équilibre de la guerre froide. Il reste cependant que la symétrie nucléaire des grandes nations perdure, lesquelles découvrent qu’elles ont moins de contradictions que de points communs : non seulement celui de contester la bombe atomique aux trouble-fêtes, mais aussi celui de craindre les fanatiques islamistes. Conséquence logique : Le bouclier antimissile américain au sein de l’OTAN en concertation avec la Russie.

Mais les engins intercepteurs ne fonctionnent pas encore, rappelle la Frankfurter Rundschau. Pas plus d’ailleurs, et Washington le reconnaît, que les attaquants potentiels ne maîtrisent la technique requise pour des assauts intercontinentaux. Alors pourquoi déjà tant d’émoi ? Tout simplement parce que ce sujet polarise autant dans la politique intérieure que mondiale. Et, ajoute le journal, que personne ne dise que les USA n’en sont pas pleinement conscients. Mais ils ont leurs propres motifs pour raviver leur rêve d’invulnérabilité. Tout comme les russes en menaçant d’emblée d’ouvrir une nouvelle ère diplomatique glaciale. Et de juger peu vraisemblable que l’union européenne trouve à ce propos un chemin d’entente. L’isolement américain devrait donc se poursuivre, d’autant que l’Europe n’a pas besoin d’un tel arsenal.

En Allemagne le projet américain, analyse la Süddeutsche Zeitung, fourni au SPD, après la guerre en Irak, une nouvelle occasion de se poser en parti pacifiste. Les sociaux démocrates lui opposent de bons arguments, estime le quotidien : L’ennemi, contre lequel le dispositif est sensé protéger, aspirera toujours à aligner plus de missiles que le bouclier ne peut le supporter. Autrement dit cela conduit à une course aux armements. D’ailleurs que diraient les Etats-Unis si les russes voulaient ériger un bouclier au-dessus de Cuba ? S’interroge faussement le journal, avant de conclure qu’un projet de bouclier antimissile nuit à la stabilité globale.