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Bras de fer entre Moscou et Kiev

Audrey Parmentier2 janvier 2006

Le différend gazier entre Moscou et Kiev fait la Une des journaux allemands. Tous s’inquiètent de voir que la Russie continue à considérer l’Ukraine comme une république satellite qui n’a pas le droit de pencher du côté européen.

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Cellule de crise autour de Victor Iouchtchenko
Cellule de crise autour de Victor IouchtchenkoImage : AP

Qui va sortir gagnant du conflit gazier, que cherche à atteindre chacun des participants, tout cela n’est pas clair, constate la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». Gazprom peut espérer imposer un tarif beaucoup plus élevé pour sa marchandise. Le consortium a en effet annoncé une augmentation des tarifs, non seulement à l’Ukraine, mais aussi aux membres de l’Union, les prix du gaz à destination des 25 vont doubler. Et bizarrement, constate le journal de Francfort, l’Union est bien réservée, aussi réservée que lorsqu’il s’agissait de défendre les intérêts de la Pologne, de la Finlande et des Etats baltes, dans le conflit sur le gazoduc de la Baltique. Dans les deux cas, les intérêts bilatéraux passent avant ceux de l’Union. Et pourtant, dans les deux cas, c’est bien l’Union dans son ensemble qui est concernée. D’abord parce que le continent tout entier dépend de la Russie, et ensuite parce qu’elle se doit d’exporter le droit et la démocratie, y compris, et c’est sa philosophie de base, à travers sa façon de gérer les dossiers économiques. La réaction de Berlin est symptomatique, note le journal, Berlin qui ne veut surtout pas se mêler de ce conflit parce que personne n’arrive à y voir clair dans ce tas de contrats. En Ukraine, on prépare les législatives, une sorte de réédition du film révolution orange contre sympathisants russophiles de l’est. L’Union européenne, Berlin n’ont pas le droit d’abandonner les orangistes, conclut la « Faz ».

Même son de cloche pour « die Welt », selon laquelle la crise entre les Russes et les Ukrainiens montre à quel point il était important d’intégrer la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Tchétchénie et les Pays Baltes à l’OTAN et à l’Union européenne. S’ils n’en faisaient pas partie, ils subiraient la pression du Kremlin comme c’est le cas aujourd’hui avec Kiev. Moscou, affirme le journal conservateur, continue de considérer les pays voisins comme des républiques satellites où l’entêtement n’est pas toléré, et où il est même réprimé. Ce ne sont pas des raisons financières qui ont poussé Moscou à couper le gaz à l’Ukraine, mais bien parce que Kiev, contrairement à la Biélorussie, penche du côté européen.

Pour la « tageszeitung », le conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine tombe mal juste avant des élections législatives et après les pannes, les querelles internes et la crise économique qui ont frappé l’équipe Iouchtchenko. Une revanche des adversaires de la révolution orange menace bel et bien, explique le journal.

Le gaz remplace les missiles, titre la « Süddeutsche Zeitung ». L’année 2006 commence dans la griserie pour la Russie : depuis le 1er janvier, elle a pris pour la première fois la tête du G8. Au même moment, elle décide de couper le gaz à l’Ukraine. Deux évènements d’une grande importance pour un pays qui se cherche depuis la fin de l’Union soviétique. La Russie de Vladimir Poutine se sent bien en compagnie des grands de ce monde et c’est avec délice qu’elle montre aux petits qui fait la loi. Mais elle a tendance à négliger la loyauté et la justice, les autres membres du G8 feraient bien de la rappeler à l’ordre, conclut le journal.