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Brigitte Mohnhaupt, ex-cerveau de la RAF, bientôt libérée

12 février 2007

Le Tribunal de Stuttgart a décidé ce lundi la remise en liberté de Brigitte Mohnhaupt, importante figure de la RAF, » Rote Armee Fraktion », (Fraction Armée Rouge).

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Brigitte Mohnhaupt
Brigitte MohnhauptImage : picture-alliance/ dpa

Emprisonnée depuis 24 ans, elle avait été condamnée en 1985 à la réclusion criminelle à perpétuité pour plusieurs assassinats. RAF, ce sigle symbolisait la révolte armée d’une mouvance d’extrême gauche née dans les années 70. Toute une série d’ attentats terroristes ont ébranlé alors les fondements de la République Fédérale. Brigitte Mohnhaupt était particulièrement impliquée dans une série d’assassinats à l’automne 1977. Un automne entré dans l’histoire comme l’ »automne allemand », et qui a marqué l’une des crises les plus graves de l’histoire du pays depuis 1945.

Tout commence avec la « bande à Baader », autour d’ Andreas Baader, Ulrike Meinhof, Gudrun Ennslin, des soixante huitards décus par le peu de résultats obtenus par le mouvement étudiant pour changer une société qu’ils considèrent comme profondément bourgeoise, réactionnaire et restauratrice. La bande à Baader commence à voler des voitures, piller des armureries, dévaliser des banques pour financer ses actions contre ce qu’elle appelle « das Schweine System », (système de cochons), l’ »Establishment capitaliste ». Les membres de la « bande à Baader «, pour la plupart des étudiants, filles et fils de bonne famille, deviennent bientôt la RAF. C'est en avril 1971 qu'Ulrike Meinhof, ancienne journaliste, écrit le manifeste: « Concept de la guérilla urbaine“, dans lequel apparaît pour la première fois le sigle RAF, (Fraction Armée Rouge), sur le fond d’une étoile ornée d’un pistolet mitrailleur Heckler & Koch MP 5. Dès que certains membres sont arrêtés, de nouveaux viennent immédiatement les remplacer. La RAF commet régulièrement de nouveaux attentats, contre les bâtiments de l’éditeur conservateur Axel Springer, contre le QG des forces armées américaines en Europe à Heidelberg, contre des officiers, des banquiers, contre ceux qu’elle considère comme les „représentants du système“. Comme par exemple le procureur général fédéral Siegfried Buback ou le banquier Jürgen Ponto assassinés en avril et en juillet 77. L’un des assassins présumés: Brigitte Mohnhaupt. Le paroxysme est atteint avec la prise en otage le 5 septembre 1977 d’Hanns Martin Schleyer, président du patronat allemand. Une action destinée à libérer les prisonniers de la RAF, dont Baader et Ensslin incarcérés dans une prison de haute sécurité à Stammheim. Le gouvernement d’Helmut Schmidt, Chancelier social démocrate, ne cède pas au chantage. La RAF déclarée « Ennemi Public n°1 », accentue la pression et détourne le 13 octobre à Palma de Majorque un avion de ligne de la Lufthansa, le„Landshut“, et prend tous ses passagers en otages. Après bien des péripéties, l’avion atterrit à Mogadiscio en Somalie où finalement un commando d’élite allemand le „GSG9“ libère les passagers lors d’une action spectaculaire le 17 octobre qui coûte la vie à trois terroristes. Le lendemain, les terroristes emprisonnés en Allemagne sont retrouvés morts dans leurs cellules de Stammheim. Les enquêtes concluent à des suicides. Le 19 octobre le corps sans vie de Hans Martin Schleyer est retrouvé dans le coffre d'une voiture à Mulhouse en Alsace. Une nouvelle génération de terroristes prend le relais , et jusqu’ au début des années 90 la RAF, affaiblie, continue son combat, avant d’être officiellement dissoute en 1998 .

Brigitte Mohnhaupt, l’un des cerveaux de la RAF, de 1977 jusqu’à son arrestation en 1982, n’a jamais fait de déclarations au sujet des meurtres dont elle était accusée et pour lesquels elle a été condamnée. Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas si l’ancienne étudiante en philosophie a vraiment eu le doigt sur la gâchette. Ce qui est prouvé toutefois, c’est son rôle prépondérant lors de la planification de ces assassinats. Lors de son procès en 1985 à Stuttgart, Brigitte Mohnhaupt affichait une attitude radicale, dure et sans compromis. Le juge Günter Grebe se souvient : « Ce qui m’a énormément frappé, c’était ce potentiel de haine et de mépris de la personne humaine qu’elle exprimait… »

Comme chez ses camarades issus de la révolte estudiantine de 1968 et du mouvement pacifiste contre la guerre du Vietnam, rien ne laissait prévoir que la jeune Brigitte Mohnhaupt oublierait un jour toute tendance pacifiste. Son ancien professeur Rudolf Schmiech :« Elle était une bonne élève, une très bonne élève même. Toutefois pas particulièrement travailleuse, ni très intéressée. Dans ses dernières années au lycée en tout cas… »

Après son baccalauréat en 1967, Brigitte Mohnhaupt étudie la philosophie à l’Université de Münich avant de passer à la clandestinité en 1971. Avant son arrestation en 1985, elle avait déjà été arrêtée une première fois en juin 1972 et incarcérée jusqu'à février 1977. Jusqu’ici elle n’a pas exprimé de regrets pour ce qu’elle a fait. Jörg Schleyer, le fils d’Hanns Martin Schleyer, enlevé, puis assassiné par la RAF en octobre 77, à propos de la libération de Mohnhaupt. :"… Même en tant que personne concernée, on doit aussi tendre la main. Je pense qu’après 24 ans, il est temps de tendre la main. Mais ce serait bien sûr plus facile si l’autre côté faisait aussi un geste. Je ne veux pas parler de regrets, ce serait aussi inapproprié…“

Ce lundi, l’avocat de Brigitte Mohnhaupt a déclaré qu’en raison de la gravité de ses actes passés, sa mandante n’a pas osé prendre directement contact avec les familles des victimes. Mais elle réfléchit à une autre possibilité, a-t-il assuré…