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Burundi : quid des quotas ethniques ?

Antéditeste Niragira
1 août 2023

Le Sénat a lancé une évaluation du système des quotas ethniques dans les institutions du pays. Une mesure qui avait été décidée suite à l'accord de paix d'Arusha.

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Un marché de Bujumbura
Un marché de Bujumbura, la capitale du BurundiImage : DW/K. Tiassou

50% de Hutu et 50% de Tutsi dans les corps de défense et de sécurité et 40% de Tutsi dans les autres institutions : ce sont les quotas qui avaient été mis en place suite àl'accord de paix d'Arusha (au Rwanda), le 28 août 2000.

Supprimer ou garder ces quotas dans les institutions est une question qui ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique burundaise.  L’Alliance pour la paix, la démocratie et la réconciliation, le parti des jeunes, demande la suppression de ces quotas ethniques pour ne privilégier que la compétence des citoyens burundais : 

"Quand les Tutsi étaient au pouvoir, est-ce que tous les tutsi étaient satisfaits ? Actuellement les Hutu sont au pouvoir; est-ce que tous les Hutus sont satisfaits ? L’évaluation de l’accord devrait être immédiate pour radier, effacer les quotas ethniques pour plutôt favoriser un homme qu’il faut à la place qu’il faut pour considérer les capacités plutôt que la place ethnique", estime Gabriel Banzawitonde, président de cette formation politique. 

L’Union pour le progrès national plaide en revanche pour le maintien des quotas ethniques : 

"Il faut que les quotas restent. Parce que ça aidé les Burundais à garder la cohésion sociale. Les enlever c’est ouvrir la porte aux hommes mal intentionnés et aux extrémistes afin de créer encore une fois des problèmes. Ce qu’il faut voir c’est : est-ce que les quotas sont respectés ?", demande Olivier Nkurunziza, son président.

Nelson Mandela et Bill Clinton
Nelson Mandela, le médiateur en chef de l'accord d'Arusha, sous les yeux de Bill ClintonImage : Getty Images/AFP/T. Sloan

La peur d'un retour en arrière

Après l’assassinat en 1993, de Melchior Ndadaye, le premier président démocratiquement élu au Burundi, Gaspard Kobako avait rejoint le maquis contre les institutions politiques. Pour lui, seule une évaluation de l’accord d’Arusha pourrait permettre de se prononcer sur la poursuite ou non des quotas ethniques dans les institutions : 

"L’accord doit être évalué par les signataires, les négociateurs, les garants de la sous-région, de la communauté internationale et les Nations unies pour voir s'il est nécessaire de les supprimer ou pas. Parce que ce serait sauter pieds joints tête baissée de dire passons il est temps. Demain nous risquons encore de retourner dans les conflits ethniques et régionaux que nous avions déjà évités", rappelle Gaspard Kobako.

Consacrés par la constitution depuis deux décennies, les quotas ethniques ont été instaurés dans l’accord d’Arusha conclu en 2000 sous l'égide de Nelson Mandela pour maintenir la paix et favoriser la réconciliation inter-burundaise après sept ans de guerres civile, qui a causé plus de 150 000 morts.