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Cacophonies européennes

24 mars 2011

Les Européens ont prouvé qu'ils avancent en ordre dispersé lorsque survient une crise internationale : en l’occurrence l’intervention militaire en Libye. Une désunion qui sonne le glas de la politique étrangère commune.

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Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso à Bruxelles lors du sommet sur l'euro du 11 mars
Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso à Bruxelles lors du sommet sur l'euro du 11 marsImage : dapd

Finalement, il y a quelque chose de rassurant dans la crise libyenne. Car on se rend compte que les rivalités entre les états ne sont pas l’apanage de l’Union européenne : cela se produit aussi dans d’autres domaines. Car entre la gestion de la crise libyennes et celle de l’euro – toutes choses égales par ailleurs – c’est le même syndrome qui se reproduit, celui du « chacun pour soi » qui explique pourquoi l’Europe est en panne depuis une dizaine d’années. Parce que l’esprit communautaire se perd, l’esprit des Pères de l’Europe, Jean Monet, Robert Schuman, Altero Spinelli : ces hommes qui ont connu la guerre savaient pourquoi ils œuvraient. Aujourd’hui, nous avons une génération d’hommes et de femmes politiques qui pensent surtout aux prochaines élections et prônent une gestion intergouvernementale – et non communautaire – des grandes crises que traverse l’Europe. Avec pour résultat la division, la querelle et la suspicion.

L’abstention de l’Allemagne à l’intervention militaire en Libye a sans doute enterré le projet d’une politique étrangère et de défense commune. Tout autant d’ailleurs que la précipitation de Paris à adouber l’opposition libyenne et la fougue napoléonesque du président Nicolas Sarkozy à ouvrir le feu en premier sur l’armée libyenne. Tout cela bien sûr sans consulter ses partenaires. Vous savez quoi ? En ce début d’année 2011, il y a pire que d’être un banquier irlandais ou un fonctionnaire grec : plus déprimés encore sont les europhiles qui sont las de voir le projet européen bradé par des gouvernants qui n’y croient plus.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a tenté de justifier le 18 mars l'abstention de l'Allemagne
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a justifié le 18 mars l'abstention de l'AllemagneImage : dapd
Le précédent irakien

En 2003 avec la guerre en Irak, les Européens avaient mis à jour leurs dissensions. Huit ans plus tard, les Européens sont incapables de parler d’une seule voix à l’occasion d’une nouvelle crise internationale. Alors, est-ce que la crise libyenne sonne le glas de la politique étrangère européenne ?

C’est la question que nous avons posé au chercheur Olivier Jehin, de l’Institut francais des relations internationales à Bruxelles.

A Riga, la capitale lettone, les agents immobiliers comptent sur les Russes pour relancer le marché
A Riga, la capitale lettone, les agents immobiliers comptent sur les Russes pour relancer le marchéImage : picture alliance/dpa

Cheval de Troie russe

Nous partons maintenant pour la Lettonie : pour se sortir de la crise ce petit pays est devenu l’Eldorado des investisseurs russes. Depuis le 1er juillet dernier, les Lettons délivrent en effet des permis de séjours de 5 ans pour toutes les personnes non originaires d’un pays de l’Union européenne s’ils placent leur argent dans l’immobilier, dans une banque ou dans une entreprise.

Les Russes sont les premiers concernés puisque la Russie est voisine de ce petit pays balte. Plus de deux cents demandes de permis de séjour ont été déposées par des Russes auprès de l’Office letton des migrations. Mais ne craint-on pas qu’ainsi la Lettonie devienne une sorte de cheval de Troie de la Russie en Europe ?

Un reportage de notre correspondante Mariele Vitureau.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot