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Carnage à Mogadiscio

7 octobre 2011

La Somalie revient au premier plan de l'actualité. Les insurgés islamistes appelés "shebab", qui s'étaient retirés de Mogadiscio au mois d'août, ont frappé en plein coeur de la capitale somalienne.

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Après l'attentat du 4 octobre 2011Image : picture alliance/dpa

L'attentat au camion piégé, qu'ils ont revendiqué, a fait des dizaines de morts. Beaucoup de soldats figurent parmi les victimes, note la Berliner Zeitung, mais aussi beaucoup d'étudiants rassemblés devant le ministère de l'éducation pour déposer leurs candidatures à des bourses d'études en Turquie. Cet attentat, écrit le journal, n'est pas une surprise. Les shebab avaient annoncé au mois d'août que leur retrait de Mogadiscio n'obéissait qu'à des raisons tactiques. Les observateurs craignent à présent que l'attentat ne fasse partir les rares organisations humanitaires internationales, qui avaient osé s'aventurer jusqu'à présent dans Mogadiscio. Cette attaque pourrait aussi réduire à néant le projet du gouvernement de transition d'organiser l'an prochain des élections dans la capitale.

Somalia Mogadischu Anschlag Al-Shabab Terrorismus
Sur les lieux de l'attentatImage : picture alliance/dpa

Tous ceux qui vivent à Mogadiscio attendaient ce terrible moment, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung. Car il était clair que les shebab n'abandonneraient pas la capitale somalienne sans se battre. Si les insurgés islamistes sont trop faibles pour triompher sur le terrain de la guerre conventionnelle cela ne signifie pas qu'ils soient vaincus. Comme groupe terroriste les milices shebab sont plus dangereuses que jamais. Des dizaines de morts et plus de cent blessés - même pour une population éprouvée comme celle de Mogadiscio, c'est un choc qui fera sentir longtemps ses effets, souligne le journal.

Kämpfe Libyen Sirte
Combattants pro-CNT près de SyrteImage : dapd

Dangereuse transition en Libye

La Libye reste évidemment présente dans la presse allemande. Les journaux continuent de suivre au jour le jour l'évolution des combats à Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi. Un quotidien, la Süddeutsche Zeitung, livre aussi un commentaire sur ce qu'il appelle une "dangereuse transition". A ses yeux, si la transition est dangereuse, c'est parce que Mahmoud Djibril a jeté l'éponge. Le chef du gouvernement intérimaire, qui a longtemps vécu en occident et qui représente l'aile libérale et moderne chez les rebelles anti-kadhafistes, a buté sur la résistance des islamistes, écrit le journal. Les fondamentalistes, dont certains anciens membres d'al-Qaida, ont combattu en première ligne lors de l'assaut sur Tripoli. Après la chute du dictateur ils sont passés au premier plan avec leur poitrine gonflée de fierté sous leurs ceintures de munitions. Ils ont obtenu leur tribut: Mahmoud Djibril ne briguera pas le poste de premier ministre dans le futur gouvernement. La gratitude, souligne le journal, est un mot inconnu en politique. Anciens rebelles et nouveaux maîtres se battent pour le partage du pouvoir. Il semble que les islamistes et les traditionalistes aient actuellement le dessus. C'est une bien mauvaise nouvelle, ajoute la Süddeutsche Zeitung, pour les occidentaux qui soutiennent la nouvelle Libye.

Reisanbau in Nigeria
Riziculture dans le nord du NigériaImage : DW

Nigéria: course aux matières premières

La Libye est un pays que l'on associe au pétrole. Mais cette semaine dans la presse allemande ce sont deux autres gros producteurs africains de pétrole qui retiennent l'attention des journalistes économiques. Tout d'abord le Nigéria, qui n'est pas seulement le premier producteur africain de pétrole, mais qui est aussi le pays le plus peuplé du continent. Il ne faut donc pas s'étonner, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, de la course pour l'accès aux matières premières du Nigéria, ni de la compétition effrenée à laquelle donnent lieu les marchés les plus attrayants dans ce pays de 160 millions d'habitants. Les longues années de dictature militaire et la corruption ont jeté le discrédit sur le Nigéria et n'ont permis qu'à une toute petite élite de s'enrichir immensément. Le gouvernement, démocratiquement élu, du président Goodluck Jonathan, veut changer les choses, poursuit le journal. Il a des objectifs ambitieux, il mise sur la privatisation et sur les investisseurs étrangers. Mais alors que des pays comme la Chine s'engagent de plus en plus au Nigéria, beaucoup d'investisseurs européens hésitent encore. Principalement les Allemands, relève le journal, qui avance plusieurs raisons pour expliquer cette méfiance. La majorité de la population vit dans une pauvreté extrême, les conflits ethniques et religieux sont un frein au développement, malgré sa richesse pétrolière le Nigéria ne dispose pas de suffisamment de raffineries et doit importer de l'essence. La fourniture d'électricité est un désastre. Les coupures de courant sont permanentes. Aucun autre pays au monde ne possède plus de groupes électrogènes privés que le Nigéria. Bref une foule d'obstacles, mais l'Allemagne, rappelle le journal, a quand même conclu en 2008 un partenariat énergétique avec le Nigéria.

Angela Merkel in Angola
Angela Merkel en Angola, juillet 2011Image : dapd

Ascension d'une colonie

L'autre grand producteur de pétrole dont il est question cette semaine dans la presse allemande, c'est l'Angola. Le Handelsblatt, un journal économique, se dit très impressionné par le dynamisme angolais. Il veut pour preuve de ce dynamisme les rapports qu'entretient aujourd'hui l'Angola avec le Portugal, l'ancienne puissance coloniale. Compte tenu de la grave crise financière au Portugal, de plus en plus de cadres portugais émigrent vers l'ancienne colonie, devenue indépendante en 1975. Selon le ministère portugais des affaires étrangères, 100 000 Portugais étaient enregistrés en 2009 comme ressortissants angolais - soit deux fois plus que l'année précédente. Le journal relève aussi que les entreprises portugaises de BTP sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers l'ancienne colonie. Grâce à sa richesse pétrolière, l'Angola figure actuellement parmi les rares réussites économiques en Afrique. Mais souligne plus loin le journal, un coup d'oeil sur la situation catastrophique dans la Corne de l'Afrique ou au Congo montre que les nouvelles relations de l'Angola avec le Portugal ne sont encore qu'une exception.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum