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Chômage et euro-choc

Yvon Arsenijevic9 janvier 2004
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Le chômage en Allemagne (en hausse ou en baisse, comme d'habitude, selon le bout de la lorgnette) et le choix de la Banque Centrale Européenne de maintenir les taux d'intérêt à leur niveau et de faire confiance à la reprise. Euro fort ou dollar faible ? Jeu des chiffres et des lettres aujourd'hui dans la presse écrite allemande.

Toujours le même petit jeu, relève pour commencer la Süddeutsche Zeitung, et toujours aussi énervant : le chômage augmente en données brutes mais il baisse en données corrigées des variations saisonnières. Reste que le nombre des demandeurs d'emplois n'a jamais été aussi élevé depuis six ans et que c'est un mal auquel tout le monde s'habitue, ajoute notre confrère de Munich. Reste aussi, comme le remarque le Handelsblatt, que les spécialistes avaient prévu pire. Explication du journal de Düsseldorf pour ce moindre mal : il vient de ce que les agences de l'emploi ont poursuivi leur croisade contre les « faux chômeurs ». Mais notre confrère n'oublie pas d'ajouter que toutes les croisades ont une fin. Ah oui, désormais, en Allemagne aussi, il faut dire « agence » de l'emploi - et non plus office ou bureau - un changement de raison sociale que rappelle le Bonner General Anzeiger pour regretter qu'un simple lifting ne change rien (malheureusement) à la réalité sur le marché du travail - ni aux perspectives, d'ailleurs : le journal n'attend pas la moindre embellie en 2004 ! Plus optimiste, le Financial Times Deutschland recommande aux stratèges politiques de ne pas relâcher leur veille - car si la tendance actuelle se poursuit, attention à la petite surprise dans deux mois, avertit le quotidien économique : l'expérience montre en effet qu'un redémarrage conjoncturel peut agir très vite sur les petits boulots puis dans un deuxième temps sur l'augmentation des offres de « vrais boulots ». À moins que l'appréciation de l'euro vienne mettre des bâtons dans les roues de la reprise, car un euro fort fait peur, l'« euro choque l'économie», titre même la Frankfurter Rundschau tandis la Süddeutsche Zeitung tente de calmer les esprits : personne, à l'époque de son avènement en 1999, n'aurait eu l'idée de se plaindre d'un euro trop fort. Même chose aujourd'hui : si l'euro est fort c'est uniquement par rapport au dollar et seuls 10 % des exportations allemandes vont dans la zone dollar. Et si c'était le dollar qui pâlit, comme le laisse entendre Die Welt en disant que le patron de la BCE « laisse tomber » la monnaie états-unienne en n'abaissant pas les taux d'intérêt ? Une telle baisse n'aurait de toute façon aucun sens pour le journal de Berlin : elle n'est utile que pour redonner des couleurs à un marché financier anémique. Contre une tendance conjoncturelle profonde, comme celle d'aujourd'hui, elle ne peut rien faire.