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Christian Klar ne sera pas grâcié

Christophe LASCOMBES8 mai 2007

Après avoir été accusé par la CSU de « courtiser un terroriste », Horst Köhler, Président de la République fédérale, a rejeté hier la demande de grâce déposée par Christian Klar, ex-leader de la Fraction Armée Rouge, le groupe terroriste qui a fait trembler l’Allemagne dans les années 70. La presse allemande de ce matin s’en fait l’écho.

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Après mûre réflexion, Horst Köhler a refusé de grâcier Christian Klar.
Après mûre réflexion, Horst Köhler a refusé de grâcier Christian Klar.Image : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’opinion publique n’aurait pas compris que l’on grâcie ce Christian Klar qui n’a pas manifesté le moindre remords. Cette décision ne menace en rien la paix civile du pays, elle la sert au contraire. Elle répond à la gravité des actes de Christian Klar.

Pour Die Welt, pourtant, l’une des vertus de ce président est d’adopter une position sinon d’opposition du moins non-courtisane vis-à-vis de l’esprit du temps. Horst Köhler a pris sa décision en toute souveraineté après s’être amplement informé et avoir mûrement réfléchi. C’est son aveuglement idéologique qui a valu à Christian Klar de perdre toute chance d’être grâcié.

C’est aussi une chance perdue, pour la Frankfurter Rundschau, mais sur un plan diamétralement opposé. Pour si difficile que cela soit à comprendre, il y avait pourtant une raison d’accorder cette grâce. Le droit définit la lourdeur du châtiment en fonction de la gravité des faits reprochés. Et les remises de peines sont fonction du remords manifesté par le coupable. La grâce, elle, est d’une autre essence. Elle n’exige ni gage ni réparation, elle ne se « mérite » pas. De plus, celui qui accorde sa grâce démontre sa supériorité sur le grâcié en montrant qu’il ne le craint plus.

C’est ici justement que la Tageszeitung fait remarquer que la grâce de Christian Klar aurait été un message politique essentiel, elle aurait permis de tirer un trait sous le chapitre des années de plomb allemandes. A l’inverse, le « Non » de Horst Köhler signifie que la sévérité manifestée autrefois envers la Fraction Armée Rouge était méritée et reste, aujourd’hui encore, la seule réponse possible. Les conservateurs se félicitent désormais d’une victoire. Qu’on la leur laisse, ce n’est qu’une petite victoire stupide et inutile.

Pour la Süddeutsche Zeitung, partisans et adversaires de la grâce doivent respecter la décision du Président de la République. Avec son reproche au Président Köhler d’avoir rencontré Christian Klar et ainsi, d’avoir « fait la cour » à un terroriste, la CSU délire et ne semble apparemment pas en mesure de faire de la politique sérieuse. Surtout, en prenant pour une victoire, une décision qui relève seulement de la compétence du Président de la République. Ecouter celui qui demande une grâce n’est pas s’incliner devant lui, mais bel et bien l’interroger. C’est donc un élément fondamental dans la prise de décision. C’est pour cela que le Président mérite le respect, et la CSU le mépris, conclut le quotidien.