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Chypre – le désastre ?

Yvon Arsenijevic26 avril 2004

La réunification est en échec à Chypre : lors du referendum d’hier la partie turque a approuvé le plan de paix de l’ONU, la partie grecque l’a refusé en masse. L’Union Européenne, qui doit accueillir Chypre le premier mai prochain, est dans l’embarras – ou peut-être un peu plus : dans les journaux allemands, on peut lire le mot de « désastre ».

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Image : European Communities

« Désastre » en effet – mais ce « désastre » évoqué par la Neue Osnabrücker Zeitung devient « La gueule de bois d’avant la fête » sous la plume de l’éditorialiste de Die Welt à Berlin et « La chance perdue » en titre de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Et le tout est expliqué plus en détail par la Neue Presse de Hanovre : une diplomatie internationale ridiculisée parce qu’incapable, ni par l’argent ni par les belles paroles, d’inciter les chypriotes à la réunification et une Europe irritée parce que c’est justement la partie turque, non reconnue, qui se montre constructive tandis que les Grecs, prétendument bons élèves, ruent dans les brancards.
Irritation des « Grands de l’Europe » que constate aussi la Leipziger Volkszeitung en ajoutant une explication au refus grec, une parmi d’autres, précise le journal, et qui sont toutes justifiées : le « plan Annan » représente peut-être ce qui est POSSIBLE en ce moment entre Ankara, Athènes, Bruxelles et Washington mais il ne dit rien de ce qui serait NÉCESSAIRE à l’avenir pour des chypriotes grecs qui représentent quand même 80 % de la population de l’île.
L’affaire, pour le Mannheimer Morgen, illustre bien la problématique de la « famille Europe » : les petits nouveaux sont priés de se montrer reconnaissants et d’obéir. Mais cela ne fonctionne pas toujours. Ainsi les Chypriotes grecs, fiers d’entrer dans le club des « payeurs » de l’Europe, n’ont pas l’intention, dans la dernière ligne droite, de se charger de cousins turcs plus pauvres qu’eux. Ils préfèrent miser sur une réunification plus lointaine mais plus favorable. C’est irréel, conclut notre confrère de Mannheim, égoïste et injuste. C’est comme en Europe.
Les Turcs de Chypre ont marqué un point, estime de son côté le Münchner Merkur : Bruxelles aura bien du mal à leur en vouloir pour le « non » de leurs voisins grecs.
La Frankfurter Rundschau voit s’approfondir la division de l’île. Ankara évoque déjà une « division permanente » et le dirigeant de la partie nord de l’île espère se rapprocher encore plus de la Turquie. Il faut l’en empêcher, écrit le journal, si l’on veut garder une option de solution à Chypre. Bruxelles doit mettre un terme à l’isolement politique et économique de la partie turque.
Même conclusion pour la Tageszeitung de Berlin, qui avant d’en arriver là met le doigt sur le « problème de plus » qu’aura l’Union européenne le premier mai prochain : à savoir qu’au plan du droit international, une partie de son territoire sera « occupée par des troupes turques ».