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Clause de conscience: les soldats aussi y ont droit

Anne Le Touzé23 juin 2005

En Allemagne, la Cour fédérale administrative de Leipzig a admis hier la primauté de la clause de conscience dans l’armée. Elle donne ainsi raison au major Florian Pfaff, qui a été dégradé parce qu’il a refusé de participer au développement d’un programme logistique destiné à une éventuelle participation des forces allemandes en Irak. Une décision de principe qui fait jurisprudence, et qui a été commentée largement dans la presse allemande .

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Image : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Cour administrative n’a pas pris assez en compte le statut particulier de l’armée. Le quotidien conservateur s’interroge sur le concept allemand du « citoyen en uniforme » - un concept destiné en son temps à mieux faire passer la remilitarisation de l’Allemagne auprès du public, et qui donne aux soldats allemands des droits démocratiques. Cette appellation, critique le journal, suggère que le citoyen enfile son uniforme de l’armée comme on enfile un bleu de travail. Au fil du temps, on semble avoir oublié que les soldats ont une responsabilité envers l’Etat. Les juges de Leipzig n’ont pas l’air de se rendre compte que le fonctionnement de l’armée allemande est en danger si le cas du major Pfaff fait école, conclut la FAZ.

La Saarbrücker Zeitung approuve au contraire la clause de conscience: Si un soldat refuse de mettre en place un logiciel, parce qu’il craint que ce programme soit utilisé pour la guerre en Irak, on ne peut pas le lui reprocher, argumente le quotidien de Sarrebruck. Car il ne faut pas oublier que le gouvernement lui-même considère que soutenir cette guerre est contraire à la constitution et au droit des peuples.

La Frankfurter Rundschau va plus loin. Les juges de Leipzig n’ont pas seulement donné raison à un soldat qui refusait d’obéir à un ordre contraire à sa conscience, mais ils remettent également en question la version officielle d’une non-participation de l’Allemagne à la guerre en Irak. Pour le quotidien de centre-gauche, la décision de la cour administrative place l’Allemagne face à un dilemme politique, avec deux issues possibles. La première – mauvaise – serait d’empêcher la coopération militaire internationale en se basant sur ce jugement, la seconde – plus juste – serait de mieux protéger cette coopération contre les abus, même s’ils proviennent d’un pays partenaire comme les Etats-Unis.

La question de la coopération allemande occupe également la Tageszeitung. Le message de la Cour administrative est absolument clair, explique le quotidien alternatif de gauche : Il ne suffit pas de définir les bombardements comme un acte de défense. Si l’on ne veut pas réduire la politique de sécurité à des opérations défensives, alors une révision de la constitution est inévitable.