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Commémoration du génocide de 1994

Christophe LASCOMBES7 avril 2004

La presse allemande commémore bien sûr le 10ème anniversaire du génocide rwandais de 1994 avec photos, articles, voire des dossiers comme la Tageszeitung de Berlin qui consacre pas moins de 6 pages pleines dans son édition d’aujourd’hui. Tentant d’expliquer l’inexplicable, pointant du doigt les diverses responsabilités, les journaux allemands reprennent pourtant le même ténor...

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Le mémorial de Nyamata dédié aux victimes du génocide d'avril 1994
Le mémorial de Nyamata dédié aux victimes du génocide d'avril 1994Image : AP

C’est vrai. Tous constatent que la communauté internationale n’a rien fait et que 10 ans après, il s’impose de dire « Plus jamais ça ! ». Une communauté internationale du reste, comme le critique la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui n’envoie que les seconds couteaux de sa garde diplomatique, à l’exception de la Belgique qui sera représenté par son premier Ministre. Même le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, s’est fait excuser : Kofi Annan qui, souligne la FAZ, était à l’époque responsable des missions de paix et donc de l’échec programmé du général Dallaire.

Dans le dossier présenté par la Süddeutsche Zeitung, la naissance de la radio privée Radio 10 est présentée comme le symbole d’un grand progrès pour le Rwanda dans son chemin vers la normalisation en opposition à la tristement célèbre Radio Télévision libre des Milles Collines qui appelait au massacre des Tutsis, surnommés les « cafards ». Le journal évoque aussi la crainte, toujours présente au Rwanda, que de tels événements se reproduisent et cite la volonté du gouvernement de Paul Kagamé de refuser désormais l’utilisation des termes Tutsis et Hutus, considérés comme « divisionnistes », ne voulant plus connaître que des Rwandais. Une attitude contestée par Susanne Buckley-Zistel, collaboratrice à l’Institut hessois de Recherche sur la Paix et les Conflits et à qui la Frankfurter Rundschau donne la parole. Pour cette spécialiste de l’Afrique centrale, l’interdiction de la verbalisation de la polarité ethnique du pays empêche le dialogue entre les divers groupes d’intérêt et la recherche d’une interprétation commune du passé. Pour elle, c’est uniquement lorsque tous les Rwandais se reconnaîtront dans les commémorations et les accepteront comme le souvenir d’une souffrance commune qu’une paix durable et positive pourra s’établir.

Die Welt enfin ouvre ses colonnes à madame Wieczorek-Zeul, Ministre fédéral de la Coopération et du Développement qui rappelle la responsabilité de la communauté des nations dans ce génocide puisque le Rwanda est resté membre du Conseil de Sécurité de l’ONU pendant toute la durée des massacres. Pour elle aussi, la réconciliation ne pourra se faire que si la communauté internationale reste crédible dans son exigence que toute personne dans le monde bénéficie de la même dignité que nous réclamons pour nous-mêmes. Le journal conclut : « Nous devons tous faire en sorte que la communauté internationale ne tolère plus jamais des événements comme ceux d’avril 1994. »