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Commémorations à Auschwitz

Sandrine Blanchard28 janvier 2005

Des délégations de 44 pays différents, et une vingtaine de chefs d’État, ont pris part aux cérémonies de commémoration de la libération par l’Armée rouge du camp d’Auschwitz. Les reportages et analyses abondent dans la presse allemande de ce matin. Les journaux craignent que ces cérémonies des 60 ans ne marquent le dernier anniversaire « rond » auquel les survivants des camps auront pu participer.

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Le président Köhler s'incline en mémoire des victimes
Le président Köhler s'incline en mémoire des victimesImage : AP

La Süddeutsche Zeitung rappelle que si un million et demi de personnes de 25 pays sont mortes à Auschwitz, c’est parce que la majeure partie de la population allemande, et des élites politiques, militaires et économiques de l’époque, soutenaient l’idéologie nazie. Ou bien qu’elles étaient trop apeurées ou trop indifférentes pour résister. Le quotidien munichois souligne qu’il aura fallu attendre 60 ans pour que les Nations unies se réunissent en assemblée extraordinaire à la mémoire des victimes, des victimes –décédées ou survivantes- au centre des commémorations. La SZ se demande si la disparition progressive des survivants, âgés pour la plupart de plus de 80 ans, ne va pas conduire à « l’historisation de l’horreur », comme c’est le cas pour les morts de Verdun ou les victimes du génocide arménien. Non, répond le journal. Les rappels réguliers de l’Holocauste dans les médias allemands, ou les réactions outrées contre les discours d’extrême-droite sont autant de preuves qu’encore aujourd’hui, rien n’émeut davantage le pays que l’époque de sa plus grande honte.

La peur de l’oubli est aussi traitée par la Frankfurter Rundschau. Le journal se fait l’écho d’anciens prisonniers d’Auschwitz, présents aux cérémonies. Et plutôt agacés par la surenchère verbale des hommes politiques, incapables d’appréhender par la parole ce qu’eux ont vécu.

La tageszeitung rappelle que le parlement européen envisage d’interdire les symboles nazis tels que la croix gammée, mais aussi de faire du 27 janvier un jour de mémoire européen.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung retrace la biographie de la Française Simone Weil, qui a survécu à la déportation. Une femme qui a été présidente du premier parlement européen élu au suffrage universel, ce qui n’est pas un hasard, estime le journal. De nombreuses idées et projets d’unification de l’Europe sont en effet nés du refus et de la résistance envers le national-socialisme. Et le quotidien regrette que l’Union européenne soit devenue plus floue, sur sa politique de défense notamment, ou ses frontières, et en appelle au retour de l’utopie des débuts, celle conçue par ceux qui ne se sont pas laissés engloutir par l’abîme.