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Compromis sur le nucléaire nord-coréen

Aude Gensbittel14 février 2007

Au bout d’une semaine de difficiles négociations multilatérales à Pékin, le régime de Pyongyang a finalement accepté de faire des compromis. En échange d’une aide énergétique, le pays fermera d’ici deux mois le réacteur nucléaire de Yongbyon et autorisera de nouveau les inspections de l’AIEA, l’Agence internationale de l'énergie atomique. Sur le sujet, les journaux allemands sont unanimes : si l’accord conclu hier est loin d’être parfait, il s’agit toutefois d’un pas dans la bonne direction.

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Satisfaction à l'issue des pourparlers à Six, à Pékin
Satisfaction à l'issue des pourparlers à Six, à PékinImage : AP

Selon la Tageszeitung, le troc arrangé à Pékin rappelle beaucoup l’accord de désarmement nucléaire de 1994. Un traité violé par la Corée du Nord et appliqué sans grande conviction par les Etats-Unis. Treize ans plus tard, on repart à zéro, mais avec des objectifs encore plus difficiles. Il ne s’agit pas cette fois-ci de convaincre la Corée du Nord de geler son programme nucléaire, mais d’y renoncer totalement. Toutefois un traité de désarmement difficile à appliquer reste de loin préférable à un statu quo dans lequel la Corée du Nord peut construire des bombes atomiques hors de tout contrôle.

La Frankfurter Allegemeine Zeitung souligne de son côté les changements radicaux dans l’attitude américaines au cours des derniers mois. Une grande partie de ce que George W. Bush avait totalement exclu pendant des années est aujourd’hui réalité : les Etats-Unis mènent des pourparlers directs avec la Corée du Nord, une reprise des relations diplomatiques semble se rapprocher et on ne parle plus de changement de régime. Une complaisance qui a fait augmenter la pression sur Pyongyang. Car ce dernier ne peut plus se servir du « méchant Américain » comme prétexte pour bloquer les négociations.

Un million de tonnes de pétrole, des livraisons d’électricité, de l’aide humanitaire et une forte victoire symbolique sur la superpuissance américaine, la récompense du régime stalinien semble bien grande pour avoir pendant des années menti, trahi et menacé la communauté internationale, écrit die Welt. Mais pour le journal, il faut aussi considérer que les décisions de Pékin réduisent le risque d’une expansion du programme nucléaire nord-coréen, et, plus important encore, le risque de voir Pyongyang transmettre à d’autres de la technologie pour fabriquer des armes atomiques. Un groupe de travail va négocier un traité de paix pour une péninsule coréenne sans arme nucléaire. C’est plus que ce que l’on aurait pu atteindre avec des sanctions.

Pour la Frankfurter Rundschau, le succès du processus engagé à Pékin dépend de Pyongyang, mais aussi de Washington. La Corée du Nord n’envisagera l’abandon du nucléaire que si les Etats-Unis sont réellement prêts à un rapprochement politique. Cependant la décision la plus importante revient à Kim Jong Il. Soit le dictateur nord-coréen continue à miser sur les bombes atomiques et la dissuasion militaire, soit il se sert du compromis sur le nucléaire pour sortir son pays de l’isolation.

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Au lendemain de cet accord, la Corée du Nord et la Corée du sud ont annoncé la prochaine reprise de discussions bilatérales. Des discussions suspendues en octobre dernier après le premier essai nucléaire de Pyongyang.