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Crime et châtiment...

4 août 2011

La presse allemande d'aujourd'hui n'a qu'un seul motif pour ses unes : un gros plan de Hosni Moubarak dans sa cage. L'ancien chef d'État égyptien fait désormais face à ses juges, depuis un lit d'hôpital.

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Ahmed Rifast, président du tribunal chargé de juger Hosni Moubarak, ne va pas avoir la tâche facile.Image : dapd

Non coupable ! Hosni Moubarak est catégorique au premier jour de son procès, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Rien d'étonnant à cela, les dictateurs n'ayant pas pour habitude de reconnaître leurs fautes. Par contre, cet événement est essentiel car c'est la première fois dans le monde arabe qu'un autocrate doit se justifier devant un tribunal suite au soulèvement de son peuple.

Ce procès est historique car il traite des pires crimes qu'un dirigeant puisse commettre envers son peuple, souligne la Süddeustche Zeitung. Encore impensable il y a six mois, il est également un symbole du changement. Mais la Cour ne pourra remplir sa mission historique que si elle parvient à affronter et à gérer sans compromission le récent passé de l'Égypte.

Ägypten Anti-Mubarak Demonstration Prozessbeginn
Face à la vindicte populaire, la nouvelle Égypte doit agir avec sagesse pour régler son passé proche de manière équitable.Image : dapd

Il n'est pas seulement important que ce procès ait lieu, mais la manière dont il sera mené l'est tout autant, renchérit la Tageszeitung. Un procès-spectacle avec peine de mort à la clé serait tout aussi fatal qu'une peine symbolique pour l'accusé. Ce sera également un test de viabilité pour le nouvel état de droit naissant sur les rives du Nil.

Ägypten Mubarak Prozess Gericht Bett Kairo 03.08.2011
Depuis son lit d'hôpital encagé, Hosni Mubarak et ses fils ont plaidé non coupable au premier jour de leur procès.Image : Egyptian State TV/dapd

Jusqu'ici, les potentats n'avaient que deux manières de quitter leur trône : soit leur fils héritait du pouvoir, soit ils mouraient assassinés, rappelle la Frankfurter Rundschau. Jamais leurs actes n'étaient passés au crible de l'histoire. Ce procès d'Hosni Moubarak confronte pour la première fois le monde arabe à son passé récent. Si ce procès est un fantastique bond en avant pour les populations arabes, ce n'est qu'une petite étape dans le processus de la révolution égyptienne. Même si Hosni Moubarak est condamné par ses juges, le chemin menant à la démocratie est encore long.

Attention, avertit toutefois die Welt. Attiser la vengeance plutôt que promouvoir la réconciliation n'est pas ce dont l'Égypte a besoin. Au lieu de laisser mourir le vieil homme en paix, les militaires au pouvoir au Caire jouent un jeu dangereux avec la colère du peuple. Et les Frères Musulmans, la seule puissance organisée à côté de l'armée en seront les gagnants. Les hommes au pouvoir ont-ils oublié que les révolutions dévoraient de préférence leurs propres enfants ? L'Occident ne devrait pas non plus oublier que Hosni Moubarak a été autrefois le garant de la paix avec Israël, conclut le quotidien.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Konstanze von Kotze