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Cuba et les droits de l'Homme

28 juillet 2010

Le président Raul Castro avait créé la surprise début juillet en autorisant la libération de 52 prisonniers politiques, dans le cadre d'un accord avec l'Eglise catholique. Réelle ouverture ou simple diversion?

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Image : AP

A ce jour, vingt dissidents ont été libérés, ils ont rejoint l'Espagne où ils peuvent demander le statut de "réfugiés politiques". Les trente-deux autres devraient quitter les prisons cubaines dans les trois prochains mois.

Si l'on en croit les autorités cubaines, seuls 167 opposants au pouvoir attendent dans les geôles du régime communiste. Un chiffre qui doit être revu à la hausse selon les organisations des droits de l'homme. Car le régime qui vient de fêter les 57 ans de sa révolution n'accorde aucune visite dans ses prisons - pas même au personnel des Nations Unies. Cuba est connue pour sa fermeté et son manque d'ouverture.

Dès lors, la libération annoncée de 52 dissidents sur les 75 arrêtés au cours d'une rafle en 2003 a pu en surprendre plus d'un. Faut-il pour autant y voir un signe d'assouplissement du régime? Günther Maihold, expert de l'Institut allemand des relations internationales (SWP) est plutôt sceptique:

« Il n'y a pas le moindre signe d'un changement de politique, ni sur le plan des droits de l'homme, ni sur celui des libertés politiques, et encore moins sur le plan économique. Il me semble que le gouvernement cubain veille avant tout à éviter de heurter la communauté internationale et à soigner son image en matière de droits de l'homme. Surtout depuis qu'un prisonnier est mort en février dernier après une grève de la faim. »

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Des dissidents cubains à leur arrivée à Madrid le 13 juillet 2010Image : AP

Arrivés à Madrid, les premiers prisonniers libérés se sont empressés d'écrire aux ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, les priant de conserver leur politique ferme envers Cuba. En effet depuis 1996, Bruxelles refuse toute relation normalisée avec le gouvernement communiste, tant qu'il ne met pas en place des réformes démocratiques et respectant les droits de l'homme. L'écrivain cubain en exil, Amir Valle, craint aussi que l'Union européenne ne lève son blocus suite à la libération des 52 prisonniers. Pour lui, Cuba a encore des progrès à faire en matière de droits de l'homme :

« Il faudrait que les Cubains aient le droit de fonder leur propre entreprise privée, qu'ils puissent entrer et sortir de Cuba librement, sans avoir à demander une autorisation. Et puis, il faudrait supprimer la terrible loi 88, connue sous le nom de loi-bâillon, qui autorise la condamnation de citoyens dissidents à 30 ans de prison! »

Seule une pression de la communauté internationale semble pouvoir contraindre le régime cubain à s'ouvrir. D'autant qu'il est soumis à une autre pression, économique celle-là : la situation du pays est catastrophique, il est l'un des plus pauvres de l'Amérique Latine. Et on voit mal comment le régime survivrait sans le soutien, par exemple, du Venezuela, son principal fournisseur en pétrole.

Auteur: Eva Usi et Cécile Leclerc
Edition: Sandrine Blanchard