Débat au Vatican sur le préservatif
23 novembre 2006Il y deux semaines, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une annonce attirait l’attention : le pape Benoît XVI et les chefs de la Curie examinaient la question du célibat des prêtres. A présent, un cardinal fait savoir qu’un projet de document sur le préservatif a été soumis au pape, à sa propre demande. Un texte selon lequel l’usage du préservatif dans le cas d’une maladie infectieuse de l’un des époux serait un moindre mal. Pour le journal, le pontificat de Benoît XVI n’est donc pas seulement marqué par son attachement aux principes, mais aussi par de réels efforts de présenter la foi chrétienne comme une « option positive », dans un monde dont les contradictions ne sont pas toujours conciliables avec les dogmes et la théologie.
Le ton est plus sévère dans la Frankurter Rundschau : pour les experts de l’épidémie du sida, la position du Vatican quant au préservatif est choquante. En bannissant le seul moyen de protection efficace et de plus peu coûteux contre la maladie mortelle, l’église mine la prévention contre le sida en Afrique, en Amérique du sud et en Asie du sud-est. A croire que la doctrine catholique en elle-même est plus importante que ce qu’elle cherche à protéger : le respect de la vie humaine. Le fait que le Vatican, face aux 8 000 victimes quotidiennes du sida, prêche jusqu’à aujourd’hui la chasteté, montre à quel point il est éloigné des réalités du monde. Il est toutefois rassurant d’apprendre que le pape est « très préoccupé » par la question du préservatif en relation avec le VIH. Mais est-ce que cela signifie pour autant qu’il va lever son interdiction ? On peut fortement en douter.
Enfin la Süddeutsche Zeitung note que c’est la première fois depuis les encycliques Humanae Vitae de 1968 que les autorités de l’église catholique se penchent sur la question de savoir s’il n’y a pas des situations dans lesquelles l’utilisation du préservatif serait autorisé. Cela pourrait être un premier et minuscule pas vers une modernisation de la morale sexuelle catholique. Il y a près de 40 ans, on ne pouvait en effet pas imaginer devant quel dilemme se trouveraient aujourd’hui les couples mariés catholiques lorsque l’un des partenaires est séropositif.