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Des Africains s'engagent contre l'émigration clandestine

3 mai 2017

Un groupe d'Africains basés en Allemagne et au Cameroun a lancé une campagne intitulée "Plus aucun mort dans le désert ou en mer", afin de sensibiliser les jeunes contre les risques liés de l'émigration irrégulière.

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Libyen Mittelmeer - Flüchtlinge von Schlauchboot gerettet
Image : Reuters/D. Zammit Lupi

'Battez-vous, travaillez dur pour votre pays' (Mère d'un débouté) - MP3-Stereo

Milingui Biya Paul a déjà tenté de quitter le Cameroun pour aller en Europe. Mais après avoir traversé le Nigeria, le Bénin et le Niger, c'est en Algérie que son rêve de vie meilleure a été réduit en miettes:

"Il y a des gens qui sont morts en route. Pendant le voyage, on portait nos sacs, avec nos affaires et nos réserves d'eau. Au bout d'un moment c'est devenu très lourd et on a tout abandonné, même les montres et les chaussures. Des gens sont morts dans le désert et comme on ne pouvait pas abandonner leurs corps, on les a recouverts de sable pour continuer le voyage."

Ce sont des histoires comme celle de Milingui Biya Paul qui ont poussé un groupe d'Africains à lancer le projet "Plus aucun mort dans le désert ou en mer". Sylvie Nantcha est une des initiatrices. Elle a recueilli des milliers de témoignages bouleversants:

Somalia Dürre, DW
Les corps de 8 migrants nigériens ont été retrouvés, mardi, morts de soif dans le désert Algérien Image : DW

"Ils m'ont dit que quand il avaient entamé leur voyage, ils pensaient que cela durerait seulement deux semaines. Mais ils y ont passé un an, deux ans, ou trois ans même. Ils croyaient que le voyage ne leur coûterait pas trop cher et ils ont dépensé plus de 10.000 euros. On leur a donné de mauvaises informations, comme la promesse d'avoir un job en Italie, en Espagne ou en Allemagne dès leur arrivée et en fait, ils n'ont rien eu. Ils sont donc clandestins et ne peuvent pas travailler ou étudier et c'est vraiment un gros problème."

 

Une campagne pour exposer les "réalités"

 

"Les jeunes m'ont expliqué qu'ils allaient en Europe parce qu'ils n'ont pas le choix. Ce n'est pas facile de les convaincre que l'Europe n'est pas l'eldorado ni le paradis. Et qu'ils n'ont pas à prendre de tels risques. Mais je pense que nous devons commencer à leur parler pour voir quelles alternatives nous pouvons leur proposer, ou simplement leur donner de vraies informations sur la manière d'aller avec un visa en Europe."

Malgré les échos positifs de la campagne menée par Sylvie Nantcha et son groupe, les candidats à l'exil restent nombreux. Nemacho Janine, par exemple, ne veut pas rester ici au Cameroun, sans emploi.

"Chacun a son destin, tous les Camerounais ne sont pas faits pour vivre au Cameroun, tout le monde n'est pas fait pour vivre ici." Melingui Biya Paul, lui, est même prêt à retenter l'aventure malgré ce qu'il a vécu.

"Le Cameroun enterre les jeunes. Quand on a fait des études, qu'on veut travailler, on vous met des batons dans les roues. Mon rêve n'est pas de rester au Cameroun."

Sa mère, Gertrude, est inquiète. Pendant les quatre ans qu'a duré la précédente épopée de son fils, elle n'a pas été en paix. Aujourd'hui elle lance un appel à la jeunesse camerounaise. "Battez-vous, travaillez dur pour votre pays. Ici c'est toujours mieux qu'ailleurs où vous ne connaissez personne."

 

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