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Des milliards pour le Mali

Marie-Ange Pioerron17 mai 2013

La conférence des donateurs pour le Mali, réunie le 15 mai à Bruxelles a débloqué 3,25 milliards d'euros. Ce montant dépasse les attentes de Bamako, mais la presse doute qu'elle suffise pour pacifier vraiment le pays.

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Conférence des donateurs à BruxellesImage : Georges Gobet/AFP/Getty Images

Les journaux font remarquer que l'apparente générosité de la communauté internationale a sa contrepartie. Les donateurs, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, veulent en échange des élections aussi vite que possible. Le président de la transition au Mali, Dioncounda Traoré, s'est donc empressé d'assurer à Bruxelles que l'ambitieux calendrier électoral serait respecté. Reste à voir, poursuit le journal, si la date prévue pour les élections, le 28 juillet, pourra vraiment être respectée. Après l'opération militaire Serval, les groupes islamistes ne représentent plus une menace militaire mais les nombreux attentats-suicides des dernières semaines montrent que le danger est loin d'être écarté. A quoi il faut ajouter que certaines régions du nord continuent d'échapper au contrôle du gouvernement de Bamako. Il s'agit concrètement de la région de Kidal, d'où est partie la rébellion touarègue. Le" Mouvement National pour la libération de l'Azawad" (MNLA) refuse l'accès de Kidal à l'armée malienne et formule des revendications qui sont exactement les mêmes que dans les premiers jours de la rébellion, à savoir l'indépendance pour l'Azawad ou du moins une large autonomie. Or l'intégrité territoriale précisément n'est pas négociable pour le président Traoré. Il partage cette opinion avec une écrasante majorité de Maliens. Mais les pays donateurs voient les choses d'un autre oeil, poursuit le journal. Comme l'UE, ils considèrent le problème touareg comme un problème politique qui doit donc trouver une solution politique.

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Soldats maliens à l'exercice dans le camp de KoulikoroImage : picture-alliance/dpa

Une armée malienne chaotique

En attendant des élections encore hypothétiques, la formation de l'armée malienne par l'Union européenne continue. L'Allemagne est présente sur place pour former des troupes du génie. Un journal allemand est allé à Koulikoro, où se déroule cette formation. C'est à une heure et demie de route de Bamako. Ce journal, c'est le quotidien Die Welt, qui publie un long article sur la mission des 80 soldats de la Bundeswehr chargés de former des soldats maliens. Au total ce sont 3 000 soldats qui doivent être formés par les 200 instructeurs européens. 9 000 avaient posé leur candidature. Ce qui, selon le lieutenant-colonel Müller-Cramers, cité dans l'article, est "remarquable. "Le pays est en guerre", souligne-t-il, "mais peut quand même mobiliser 9 000 hommes pour participer à une formation." C'est la première mission du lieutenant-colonel en Afrique. Il loge à Bamako dans un hôtel cinq étoiles et fait la navette entre la capitale et Koulikoro. La mobilisation de 9 000 soldats, poursuit le journal, peut être interprétée différemment. C'est la guerre sans doute, mais beaucoup de soldats maliens, principalement les bérêts verts, proches du capitaine putschiste Sanogo, n'y sont pas allés. Bref, note le journal, selon les méchantes langues, le chiffre élevé de 9 000 volontaires est plutôt l'expression d'un grand nombre de récalcitrants. Il est vrai que l'armée malienne, pour autant qu'elle existe, répond à tous les clichés d'une troupe africaine chaotique: pas motivée, mal formée, mal payée et pourrie par la corruption.

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Soldats nigérians sur un stand de tir à Bauchi le 15 mai 2013Image : picture-alliance/dpa

Etat d'urgence contre Boko Haram

L'armée nigérianne, elle, est plus critiquée pour sa brutalité - Et justement après la proclamation de l'état d'urgence dans trois Etats du nord-est nigérian, la presse fait rapidement le lien entre djihadistes qui ont fui le Mali et islamistes de Boko Haram. Les ondes de choc de la guerre dans le nord du Mali déstabilisent un pays après l'autre, écrit die tageszeitung dans un éditorial. Des combattants d'al -Qaida au Maghreb islamique se seraient retranchés en Tunisie. Au Tchad des rumeurs persistantes parlent de l'infiltration d'islamistes. Et maintenant le président nigérian proclame l'état d'urgence dans trois Etats du nord-est du pays pour, selon lui "protéger l'autorité de l'Etat nigérian" et "l'intégrité territoriale du Nigeria." Pour les habitants de la région, c'est plutôt une menace car, même sans état d'urgence l'armée nigérianne ne fait pas dans la délicatesse lorsque des civils se trouvent à proximité d'islamistes. Et la décision du président Jonathan marque une rupture radicale avec les efforts de détente initiés par l'offre d'une amnistie et de discussions à Boko Haram. Les perspectives de paix sont donc plutôt sombres, souligne le journal. Et il est de plus en plus difficile de répondre à la question de savoir si le démantèlement des structures islamistes dans le nord du Mali par l'intervention française a réellement stabilisé la situation au Sahel.

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Combattants du M23 en mars 2013Image : Isaac KasamaniAFP/Getty Images

Une femme rebelle dans le M23

La stabilisation se fait toujours attendre dans l'est de la RDC. L'envoi d'une force d'intervention spéciale est censé renforcer la lutte contre les groupes armés. Mais la rébellion du M23 a déjà exprimé son hostilité à cette force spéciale. Un quotidien allemand, die tageszeitung, consacre cette semaine toute une page au M23, plus exactement à celle qu'on surnomme la "reine" de la milice rebelle. On la surnomme aussi "Miss kalachnikov". De son vrai nom elle s'appelle Fanette Umuraza. Elle a 32 ans, et elle ne s'écarte jamais du chef du M23 Sultani Makenga. C'est l'unique femme présente tout en haut de la hiérarchie du mouvement rebelle. On apprend dans l'article que cette tutsi congolaise née dans le Masisi est partie au Rwanda après le génocide de 1994, lorsque les milices interhamwe sont arrivées dans l'est du Congo. Elle a fait à Kigali des études de science politique. Et lorsqu'on lui demande pourquoi elle a rejoint la rébellion, elle a cette réponse" Nous les femmes congolaises, nous sommes toujours les victimes. Beaucoup d'entre nous ont été violées. Il est grand temps de nous défendre."