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Des OMD pour quoi faire?

24 septembre 2010

Les journaux font d'abord le bilan du sommet des Nations unies sur les objectifs du millénaire pour le développement. Il s'est tenu à New York du 20 au 22 septembre.

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Angela Merkel au sommet du millénaireImage : AP

Sans surprise ce bilan est plutôt mitigé. Beaucoup de pays en développement, écrit la Süddeutsche Zeitung, rateront les objectifs du millénaire. Cela est surtout vrai pour l'Afrique, où la pauvreté, les maladies et les inégalités sévissent plus fortement qu'ailleurs, où l'explosion démographique renforce la pauvreté. Les perspectives de changement y sont modestes, car de pseudo-démocrates ou des dictateurs préfèrent multiplier leur richesse personnelle que créer le bien être pour la collectivité. A quoi servent donc un sommet sur la pauvreté et des objectifs du millénaire, s'interroge le journal. On pourrait être tenté de qualifier de superflue la rencontre de la grande famille mondiale à New York. Ce serait une erreur. Le sommet sur les objectifs du millénaire est important parce qu'il attire l'attention de l'opinion publique sur la détresse des pauvres et sur les déficits de la politique de développement.

A ce propos la Tageszeitung critique les conditions posées par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a subordonné l'aide au développement à la bonne gouvernance. Bien sûr, souligne le journal, que l'aide doit être plus efficace. Mais il ne faut pas jouer l'efficacité contre le financement. Pour les pays en développement le sommet de New York est une catastrophe. Les objectifs du millénaire ont été mis au tiroir. Or le sida continue à se propager, un milliard d'êtres humains continuent à souffrir de la faim, toutes les minutes une femme meurt en couche. Ces destins sont une réalité. Les sacrifier à l'opportunisme politique, comme le fait systématiquement l'actuelle coalition gouvernementale, est du cynisme pur.

Symbolbild Entwicklungshilfe Deutsche Experten beraten äthiopische Firmen
Coopérants allemands en EthiopieImage : picture-alliance/dpa

La qualité plutôt que la quantité

Un ancien diplomate allemand semble en revanche donner raison à Angela Merkel. Il le fait dans les colonnes de la Berliner Zeitung. Volker Seitz a passé 17 ans en Afrique et souligne qu'il ne faut pas minimiser le manque d'Etat de droit. Les Norvégiens, explique-t-il dans cette interview, sont en train d'expérimenter en Tanzanie un nouveau concept, celui du "paiement à la livraison". Ce nouveau concept veut par exemple que pour la construction d'un hôpital, c'est le pays en développement qui assume l'entière responsabilité. Dès qu'il peut présenter des résultats, validés par des experts indépendants, le pays donateur décaisse l'argent. Si nous devions adopter ce concept, ajoute Volker Seitz, des milliers de coopérants professionnels deviendraient superflus. Il faudrait s'attendre à une forte résistance. Quant à l'objectif des 0,7% du produit intérieur brut comme montant de l'aide au développement des pays riches, Volker Seitz juge stupide de mesurer la qualité de l'aide au montant des sommes dépensées. Un projet sur cinq seulement, souligne-t-il, survit à l'arrêt de l'aide. Enfin sans contester que Paul Kagamé n'est certainement pas un démocrate, il donne l'exemple du Rwanda qui a investi dans l'éducation et la santé. Dans aucun autre pays il n'y a autant de femmes à des postes de responsabilité.

Brennholzkocher in Nigeria
Foyer amélioré, à bois, au NigériaImage : DARE

Pas de développement sans courant

L'accès à l'électricité ne figure pas expréssement parmi les huit objectifs du millénaire pour le développement. Mais la presse allemande évoque l'importance du combat contre la pauvreté en énergie si l'on veut progresser vers une réduction de moitié de l'extrême pauvreté. La Süddeutsche Zeitung a rencontré Fatih Birol, l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie. Et ce qu'il dit est clair: " l'accès à l'électricité est un facteur clé du développement économique et social". Or actuellement dans le monde, 1,4 milliard de personnes n'ont pas de courant, dont 85% dans des zones rurales. Le marché ne pourra résoudre à lui seul le problème. Seule une action internationale concertée permettra de raccorder plus de personnes aux réseaux électriques. Selon l'Agence internationale de l'énergie, lit-on dans l'article, c'est en Afrique subsaharienne que la situation est la pire. Un foyer sur trois seulement a de l'électricité, 80% des personnes utilisent du bois pour faire la cuisine. "La consommation totale d'électricité en Afrique au sud du Sahara équivaut à celle de la ville de New-York", rappelle Fatih Birol qui souligne encore que, puisque ce sont les zones rurales qui manquent le plus d'électricité, la solution réside dans des réseaux décentralisés, à base d'énergie éolienne, de petites centrales hydrauliques et d'énergie solaire.

Südsudan Polizei
Formation de policiers au Sud-SoudanImage : DW

Un référendum périlleux

Il est aussi question, dans un article sur le Soudan, de ce qui est encore la principale source d'énergie. Le 9 janvier prochain, la population du Sud-Soudan doit se prononcer par référendum sur son indépendance.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung ne doute pas de l'issue de ce référendum: le Sud-Soudan fera scission du Nord. De là la nervosité grandissante de la communauté internationale qui se demande si le prochain plus jeune Etat d'Afrique n'inaugurera pas son indépendance par une guerre. Car le Nord ne veut pas laisser filer le Sud. Il y a pour cela trop de pétrole dans le sol du sud-Soudan. Le président El Béchir, rappelle le journal, a certes souligné lors des élections du mois d'avril qu'il respecterait l'issue du référendum au sud. Mais ce n'était que rhétorique électorale. Les représentants de Khartoum dans la commission paritaire chargée d'organiser le référendum font tout pour faire traîner les choses en longueur. Plus grave encore: cette même commission n'est toujours pas parvenue à s'entendre sur le futur tracé de la frontière. On s'est mis d'accord sur plus des quatre cinquièmes des 1 200 kilomètres de frontière, mais les champs de pétrole de la région d'Abyei, revendiqués par les deux parties, sont toujours contestés.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum