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Des pratiques inhumaines continuent en Tunisie

4 mai 2012

Le pays a pu se débarrasser de son dictateur, mais certaines pratiques contraires aux droits de l'homme se poursuivent. La torture se pratique toujours dans des commissariats et prisons, même après la chute de Ben Ali.

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Kein Durchkommen zu Avenue Bourguiba, 9.April, Avenue Mohamed V (Innenstadt), Tunis *** Bilder von Sarah Mersch, DW April 2012
Image : DW

Hormis les ONG et les associations de victimes de torture qui dénoncent ces pratiques, personne d’autre n’ose en parler. Le gouvernement tunisien commence lentement à s’intéresser au problème mais il n'admet pas qu'on l'évoque publiquement. Même dans les médias le sujet est tabou.

Demonstranten nach Tränengaseinsatz, Morgen des 9.April, Avenue Mohamed V (Innenstadt), Tunis *** Bilder von Sarah Mersch, DW April 2012
image prise lors d'une manifestation à TunisImage : DW

Témoignage

Mohamed Ben Abdallah, la quarantaine, est assis dans un bar à Sousse, une grande ville à environ deux heures de route au sud de Tunis. Il est vêtu d'un blouson noir en cuir et portant des lunettes de soleil. Mohamed Ben Abdallah n’est pas en fait le vrai nom de l’homme dont nous parlons. Sa vie est en danger depuis qu’il a osé se prononcer publiquement sur ce qui se passe dans les prisons tunisiennes. La musique résonne – ce qui aide d'ailleurs Mohamed à parler, puisque les voisins ne peuvent pas entendre.

« Je suis un officier. Je déclare publiquement être témoin oculaire de tortures et de meurtres. Ce n’est pas normal. Personnes n’en parle, même les médias ont peur. J’ai voulu remettre des preuves à des médias, mais ils les ont refusé par peur. »

Mohamed est lieutenant. Pour avoir travaillé dans la police pendant 20 ans, il connaît bien les prisons tunisiennes. Dans la prison de Borj Erroumi, d’ailleurs de mauvaise réputation, il se serait passé des atrocités.

Proteste in Tunis
Tunis, le 09 avril dernier. Même après la révolution, les manifestations continuentImage : DW

« Le premier exercice que je devais faire, lorsque je suis arrivé à la prison de Borj Erroumi, c'était d'apprendre à faire le "Falqa". Cela signifie qu'on attache les pieds des prisonniers, on les suspend à l'aide d'une corde et on frappe les plantes des pieds. J’ai vu le pire de ma vie dans cette prison. Des prisonniers ont été torturés d'une manière inimaginable. »

En 2003, Mohamed avait perdu son travail pour avoir parlé publiquement. Après la chute de Ben Ali, il a finalement, après plusieurs tentatives, été réemployé. Aujourd'hui, il avoue que les pratiques inhumaines continuent.

Auteurs : Alexander Göbel / Eric Segueda
Edition : Kossivi Tiassou / J-M Bos