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Discours sans surprise de Horst Köhler à la Knesset

Yann Durand3 février 2005

C’est dans sa langue que le président allemand Horst Köhler s’est exprimé hier devant le parlement israélien, pour évoquer la responsabilité allemande dans l’holocauste et admettre que son pays n’était toujours pas libre de xénophobie et d’antisémitisme. Un exercice périlleux dont il s’est acquitté sans brio. Tel est l’avis unanime que l’on peut lire dans les commentaires de la presse allemande ce matin.

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Horst Köhler en plein effort
Horst Köhler en plein effortImage : AP

La Frankfurter Rundschau reconnait cependant les mérites du Président Köhler qui a prononcé un discours répondant à toutes les exigences. Et il y en a beaucoup, laissant peu de place à la nouveauté. Beaucoup de choses doivent être dites et tout autant ne le doivent pas. Pas en allemand, pas d’une bouche allemande, pas à cet endroit. Peu d’éléments personnels peuvent être ajoutés. Dans un tel contexte l’originalité n’est donc pas de mise.

À la Knesset, Horst Köhler n’a pas trouvé de nouvelle approche pour dire ce qu’un allemand doit y dire. Or lui n’est pas un politicien rompu à ce genre d’exercice de circonstance, observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il a évoqué les dernier jours qui l’ont mené, de Auschwitz via Berlin jusqu’à Jerusalem, à travers les chapitres les plus sombres de l’histoire de l’Allemagne. Et d’oser ensuite parler de la fierté de ses concitoyens pour leur pays, sans omettre toutefois de rappeller la nécessité d’une réforme globale de sa société. Mettre les faiblesses de l’Allemagne en exergue est aussi un moyen d’exorciser la peur qu’elle pourrait inspirer.

Il n’y a pas de normalité entre l’Allemagne et Israel a souligné Horst Köhler devant la Knesset. Et il a raison acquiesce la Tageszeitung de Berlin. La monstruosité du crime nazi marquera la relation des deux peuples à travers plusieurs générations. C’est pourquoi le discours d’un président allemand à l’adresse du parlement israélien constitue une gageure. Et cela s’est vérifié hier, poursuit le journal qui loue dans son ensemble l’allocution, non sans relever quelques maladresses dont celle voyant le président tancer le terrorisme palestinien en omettant d’évoquer les manquements d’Israel aux notions des droits de l’homme. Ce n´était ni l’endroit ni le moment d’aborder la question israélo-palestiniennes. Horst Köhler l’a fait mais sans équité.

Il y a cinq ans, Johannes Rau fut le premier à s’exprimer en allemand à la Knesset. Horst Köhler l’a certes imité mais sans la force émotionnelle de son prédecesseur, constate la Süddeutsche Zeitung. Après avoir surpris par quelques phrases en hébreu, il n’a fait que débiter des lieux communs. Il n’a rien dit de faux. Il a fait son possible. Si un proviseur, enseignant de mathématique avait tenu ce discours à son école lors des commémorations d’Auschwitz, on l’aurait félicité. Mais Köhler lui est chef d’état.