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Dopage: l'aveu d'entraîneurs est-allemands

Carine Debrabandère9 avril 2009

Le dopage, un problème qui empoisonne le monde du sport allemand depuis la Réunification. Cinq entraîneurs d'athlétisme ont reconnu en début de semaine leur participation au dopage à grande échelle opéré par la RDA.

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Image : picture-alliance / dpa / DW Montage

Le dopage, un problème qui empoisonne particulièrement le monde du sport allemand depuis la Réunification, le 3 octobre 1990. D'après les experts, environ 10 000 sportifs ont été dopés en RDA, en particulier dans les années 70 et 80. L'Allemagne de l'Est, c'était la vitrine sportive du monde communiste.

24.10.2008 DW-TV Projekt Zukunft Doping 01
Image : DW-TV

Cinq entraîneurs d'athlétisme ont reconnu en début de semaine leur participation au dopage à grande échelle opéré par la RDA. Dans une déclaration commune, ils écrivent: « Nous regrettons beaucoup que des sportifs aient pu endurer des dommages sur leur santé à cause de produits dopants qui leur ont été administrés. Les entraîneurs impliqués s'en excusent expressément. ». Des propos que salue Thomas Bach, président du Comité olympique allemand :

« Il était important qu'ils se déclarent coupables. Il était également important qu'ils s'excusent auprès de leurs victimes. Et ils ont prouvé le sérieux et la crédibilité de leurs propos en exerçant leur profession avec la plus grande application au cours des 18 dernières années. »

Des aveux qui, toujours selon Thomas Bach, devraient permettre aux cinq entraîneurs de conserver leur place au sein de la fédération d'athlétisme. Ce que n'apprécie pas vraiment Ines Geipel, ancienne sprinteuse, victime – à son insu - du dopage de masse est-allemand :

« Ceux qui suivent le dossier du dopage dans le monde du sport connaissent ces tentatives de maquillage. Je n'y accorde aucune attention. Les fonctionnaires ne réagissent que lorsqu'ils sont mis sous pression. »

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Inès Geipel, ex-championne d'athlétismeImage : picture-alliance/ ZB

Ines Geipel a fait la demande à la fédération allemande d'athlétisme, en 2005, de retirer des tablettes ses performances et ses records - dont un record du monde en relais.

Tout comme l'ex-championne, Winfried Hermann, chargé des affaires sportives au sein du parti des Verts, espère que le mea culpa des cinq entraîneurs incitera bon nombre de collègues à passer aux aveux :

« …qu'ils fassent tout pour mettre en lumière les affaires de dopage à l'Est comme à l'Ouest, avant et après la chute du Mur. Qu'ils rattrapent le retard dans le travail de mémoire. »

Un travail de mémoire qu'a commencé Ines Geipel au début des années 80. Lors de sa préparation aux Jeux Olympiques de Los Angeles (auxquels elle ne participera finalement pas pour cause de boycott), elle tombe amoureuse d'un athlète de l'ouest. Certains de ses amis osent par ailleurs critiquer le régime de RDA. Résultat : malgré ses exploits sportifs, elle est exclue de sa fédération. Depuis, elle n'a de cesse de dénoncer les erreurs des fonctionnaires est-allemands :

« En fait, on assiste à une amnésie générale. On évite un véritable travail sur un passé gênant et sur ses dégâts collatéraux. »

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Image : picture-alliance/ dpa

Des dégâts que connait bien Andreas Krieger, transsexuel. Sous le nom de Heidi Krieger, elle a – entre autres - remporté la médaille d'or au lancement du poids, lors des championnats d'Europe de 1986. Une médaille qu'elle - ou il - a rendue depuis. Andreas Krieger impute ses problèmes d'identité sexuelle aux anabolisants que lui ont fait ingurgiter ses entraîneurs. Andreas Krieger demande à ce que l'on appréhende aujourd'hui différemment les exploits sportifs :

« Ce qu'il y a de terrible, c'est que seuls les succès comptent. Seules les victoires rapportent de l'argent. Une 3e, 4e ou 5e place, ça n'apporte rien. C'est un problème de société. »

Un problème de société, auquel on pourrait remédier, selon Inès Geipel, si les hauts fonctionnaires du monde du sport prenaient enfin des mesures efficaces :

« Pourquoi les fédérations n'embauchent-elles pas de jeunes entraîneurs qui n'ont rien à voir avec toutes ces histoires de dopage. Il faut vraiment procéder à un changement de génération. Il faut enfin tirer un trait sur le passé ».

Bonne nouvelle en tout cas en ce qui concerne la lutte anti-dopage : le laboratoire de recherches de l'Ecole supérieure du sport de Cologne a mis au point un nouveau test de dépistage du dopage génétique : une substance qui accroit les tissus musculaires et améliore l'endurance - et qui aurait déjà beaucoup servi lors des derniers JO de Pékin.