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Dresde contre l’« ombre brune »

Yvon Arsenijevic14 février 2005

Dresde célébrait hier le 60e anniversaire du bombardement anglo-américain de la ville, dans la nuit du 13 au 14 février 1945 qui a fait, selon les estimations, 35 000 morts. Des célébrations qui n’étaient pas sans risques après les tentatives de récupération dont elles ont fait l’objet de la part du NPD, l’extrême droite néo-nazie. Et si finalement tout s’est bien passé, à lire les journaux allemands d’aujourd’hui, c’est surtout grâce à la population de Dresde. Nos confrères ne peuvent que lui rendre hommage.

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60 ans après les bombes, 10 000 bougies pour Dresde
60 ans après les bombes, 10 000 bougies pour DresdeImage : AP

Hommage d’autant plus appuyé que l’« ombre brune », comme le titre la TAGESZEITUNG de Berlin, l’« ombre brune » était bel et bien « sur Dresde ».
Près de 5000 néo-nazis accourus de toute l’Allemagne sur les bords de l’Elbe, enchaîne le GENERAL ANZEIGER de Bonn : perturbateurs insolents des commémorations aux victimes, odieux profanateurs du souvenir de la souffrance indicible. Dans ces conditions, pour notre confrère, toute contre-manifestation pacifique se justifie pleinement, mais il y a plus impressionnant encore : à savoir la mémoire silencieuse de toute une population.

Cette population, comme le souligne de son côté la NÜRNBERGER ZEITUNG, qui a finit par faire de cette journée du 13 février SA journée : des dizaines de milliers d’habitants de Dresde se sont souvenus simplement, au-delà de toute haine et de toute idéologie, de ceux qui sont morts jadis dans l’incendie de leur ville. Et ce faisant, ils les ont sauvés de la récupération par les héritiers spirituels de ceux qui ont jadis incendié l’Europe.

Un « signal important » pour le NORDKURIER que tant d’Allemands à Dresde, de « vrais Allemands », aient opposé à la « bande brune » leur vision du patriotisme, le « vrai patriotisme », qui inclut le souvenir de toutes les victimes. Posséder cette grandeur d’âme, c’est contribuer au rapprochement des peuples, écrit encore le journal de Neubrandenburg, et dans ce sens, Dresde est un double symbole : celui de la tragédie de la guerre et celui d’un travail de mémoire tourné vers l’avenir.

Éviter soigneusement, comme le font le NPD et ses partisans, de se poser la question du vrai responsable de la Seconde Guerre mondiale, parce que la réponse détruirait toute une idéologie, c’est mentir à chaque mot que l’on dit, constate le MANNHEIMER MORGEN avant d’ajouter que Dresde a trouvé, elle, la bonne réponse en manifestant dans le calme et en ne laissant pas la rue aux extrémistes. La cérémonie commémorative de Dresde donne le ton du débat à venir contre les « menteurs bruns », estime encore notre confrère de Mannheim.

Le SCHWARZWÄLDER BOTE, pour finir, parle lui de « signal impressionnant » contre l’extrême droite et note que le message de Dresde, contrairement aux slogans des crânes rasés et des caméléons en costumes à rayures, est clair : plus jamais ça !