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Duvalier bientôt jugé pour corruption

31 janvier 2012

L'ancien président d'Haïti, Jean-Claude Duvalier, a dirigé son pays d'une main de fer de 1971 à 1986. L'ancien dictateur haïtien sera jugé pour corruption, mais pas pour violations des droits de l'Homme.

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Jean-Claude Duvalier, rentré d'exil en janvier 2011Image : AP

« Baby Doc », c'est le surnom donné à l'ancien président d'Haïti, Jean-Claude Duvalier. Son régime était caractérisé par une violence d'État, qui s'appuyait notamment sur la milice des « Tontons macoutes ». Rentré au pays il y a un an, après 25 ans d'exil en France, l'ancien chef de l'État haïtien sera jugé pour corruption, mais pas pour violations des droits de l'Homme, au grand dam des victimes de la dictature et des défenseurs des droits de l'Homme.

Le fils de « Papa Doc »

Korruption Afrika
Un État rongé par une corruption endémiqueImage : DW

Jean-Claude Duvalier, c'est d'abord le fils de son père, François, à qui il succède en 1971. Sa fortune actuelle est évaluée entre 300 et 800 millions de dollars, qui pourraient bien provenir de détournements massifs de fonds publics sous sa présidence. Mais cela, ce sera à la justice haïtienne d'en juger. Personne n'a oublié, cependant, les déplacements de « Baby Doc », qui distribuait des liasses de billets aux personnes venues l'acclamer. Une habitude que son avocat présentera en 1987 comme une « aide aux nécessiteux », tout comme les fonds que Jean-Claude Duvalier fait sortir des caisses au moment où il fuit Haïti pour trouver refuge en France.

La terreur organisée des « Tontons macoutes »

En revanche, les accusations de meurtres, d'enlèvements, de tortures et autres violations des droits de l'Homme n'ont pas été retenues par la justice. Et ce, en dépit de la réputation sinistre de la protection rapprochée des Duvalier père et fils : les « Tontons macoutes". Officiellement, cette milice paramilitaire n'était pas rémunérée par les autorités. Les « volontaires » recrutés ont érigé la répression, l'extorsion et les viols, les massacres en mode d'action systématique. Au point que le « macoutisme » est devenu un terme synonyme de corruption et de violence étatique destinée à museler toute opposition.

Haiti vor der Amtseinführung von Präsident Michel Martelly in Port-au-Prince
Transition difficile vers la démocratieImage : picture alliance/dpa

Un procès a minima ?

Certains analystes estiment, à l'instar de Leslie Péan, que les problèmes sociaux qui minent aujourd'hui encore la société haïtienne et ses difficultés à organiser la transition démocratique sont largement dus « au refus des puissances tutrices de procéder à une vraie dé-duvaliérisation et une réelle dé-macoutisation après 1986 ».

Le procès de Duvalier fils qui se prépare risque de ne pas satisfaire totalement les aspirations des victimes de son régime, qui attendent des réparations. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a publié ce 31 janvier un communiqué qui regrette le peu de charges retenues contre Jean-Claude Duvalier. D'ailleurs, la date d'ouverture du procès n'a pas encore été fixée. Plutôt que de rouvrir les blessures d'un passé pas si lointain, la justice haïtienne a choisi de miser d'abord sur la réconciliation nationale.

Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Cécile Leclerc