Ehud Olmert à Berlin
13 décembre 2006Pour Die Welt, les erreurs politiques et militaires de la récente guerre au Liban, les critiques de sa faiblesse de gouvernement, les menaces et insultes de l’Iran et son obscure conférence révisionniste sur l’Holocauste, tout ceci a apparemment déclenché chez Ehud Olmert un sentiment de profonde impuissance. Ce loyal partisan de Sharon a peut-être cru se rassurer en inscrivant son pays dans la liste des états disposant du feu nucléaire.
C’était de toute façon un secret de Polichinelle, souligne la Tageszeitung. L’hégémonie nucléaire d’Israël pendant 40 ans n’a jamais été problématique car l’état juif n’a jamais menacé d’y avoir recours. Mais on peut se demander si l’équilibre de la terreur nucléaire qui a fonctionné avec beaucoup de chance dans le conflit Est-Ouest pourrait aussi être utilisé avec succès au Moyen-Orient.
La polémique a quelque chose d’un peu artificiel, s’étonne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En effet, le plus remarquable dans cette affaire est moins l’aveu en lui-même que le moment choisi pour cela. Ces dernières semaines, les pressions sur le gouvernement israélien se sont accrues pour qu’il contribue plus encore à la désescalade de la situation explosive au Moyen-Orient. Dans ce contexte, Ehud Olmert a de nouveau voulu suggérer que son pays disposait toujours de possibilités de réactions militaires autonomes.
Pour la Süddeutsche Zeitung, ce que les Israéliens veulent absolument faire passer pour un lapsus, est en réalité une menace voilée. Une menace qui vise l’Iran. Ainsi, Israël en tant que puissance nucléaire est un adversaire puissant qu’aucun pays ne peut facilement rayer de la carte. Une interprétation encore renforcée par le fait que, quelques jours plus tôt, le nouveau Ministre américain de la Défense, Robert Gates, a qualifié Israël de puissance nucléaire.
Même analyse pour la Frankfurter Rundschau. A Berlin, Ehud Olmert a clairement fait comprendre qu’Israël se comprend comme un acteur de poids dans la région en crise. Et sa critique claire du voyage du Ministre allemand des Affaires étrangères à Damas souligne encore plus cette attitude : Israël se positionne au même niveau que les puissances nucléaires que sont les USA, la France et la Russie et n’a pas peur de Téhéran, conclut le quotidien.