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Macron maintient le cap au Sahel

3 juillet 2017

Emmanuel Macron est le seul à avoir pris la parole devant la presse aux côtés d'Ibrahim Boubacar Keïta, hôte du sommet du G5 Sahel à Bamako. Le nouveau président français mise sur du changement... dans la continuité.

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Mali Macron fordert mehr Einsatz von Deutschland und Europa
Image : Reuters/C. Petit Tesson

'Il faut d'abord combattre la mauvaise gouvernance' (Tiébilé Dramé, PARENA) - MP3-Stereo

 Seuls deux responsables ont pris la parole devant la presse, hier, au sommet du G5 Sahel à Bamako : Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien hôte de cette rencontre multinationale consacrée à la lutte contre le terrorisme, et son homologue et invité français, Emmanuel Macron.

Sur la forme, les six présidents réunis sont convenus d’accélérer la mise en route de leur force conjointe pour faire face aux jihadistes.

Mali Gao Operation Barkhane Kinder und französische Soldaten
Image : Getty Images/AFP/P. Desmazes

Sur le terrain, la situation s'aggrave

La France ajoutera huit millions d'euros d’investissement sur cinq ans aux 100 millions prévus pour financer la force conjointe du G5 au Sahel, dont le coût est estimé à 423 millions d'euros en tout. Le président Macron promet un soutien opérationnel par le biais de conseils et du soutien matériel par la force Barkhane déjà présente sur le terrain.

Des promesses dans la droite ligne de la politique initiée par François Hollande mais un ton plus décidé – avec cet appel à l’efficacité lancé aux partenaires africains par Emmanuel Macron.

Cela suffit-il à convaincre les Maliens du Nord ? Réponse mitigée de Boubacar Touré, directeur de la radio Aadar-Koima de Gao qui salue pourtant la tentative d’agir ensemble, mais constate que "sur le terrain, les choses n’ont pas beaucoup évolué. On se dit qu’il n’a pas eu encore le temps, nous attendons les mois et les semaines à venir pour mieux apprécier sa politique."

Boubacar Touré explique que les populations sont échaudées par les échecs relatifs des missions Minusma et Barkhane qui n’ont pas permis d’endiguer les violences au quotidien. Et le ton axé sur l’attente de résultats, employé par Emmanuel Macron, risque de ne pas suffire à régler leurs problèmes. 

"Monsieur Ibrahim, nous sommes là pour vous aider" [...] "Ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace", a déclaré Emmanuel Macron.

La posture d’un président français est difficile en soi, fait remarquer pour sa part Ibrahim Maïga, chercheur à l’ISS Dakar basé à Bamako (Institute for Security Studies). 

"Quand il emploie un langage diplomatique, on le traite de quelqu’un qui est dans des postures. Maintenant qu’il va au-delà du politiquement correct, on le traite aussi de paternaliste."

Tiebile Drame
Tiébilé Dramé (Parena) estime qu'il faut lutter contre la mauvaise gouvernance pour réussir la lutte contre le terrorisme Image : Ahmed Ouoba/AFP/Getty Images

Le tout militaire ne suffit pas

De toute façon, peu importe le style, il n’y aura de solution que politique, estime pour sa part Tiébilé Dramé (écoutez son interview en cliquant sur la grande photo ci-dessus).

Le président du parti PARENA d’opposition et ancien chef de la diplomatie malienne n’attend pas de grand changement avec l’arrivée d’Emmanuel Macron. Il déclare dans une interview à Deutsche Welle: "Le ministre de la Défense de la France qui était au cœur de l’opération Serval et de l’opération Barkhane se trouve maintenant ministre des relations extérieures de la France (Jean-Yves Le Drian). Donc il incarne la continuité de l’engagement militaire français au Sahel. Alors est-ce que le tout militaire, le tout sécuritaire suffit ? Si c’était le cas, depuis quatre ans, on l’aurait su."

Pour Tiébilé Dramé, le chantier numéro 1 auquel il faut s’atteler pour venir à bout du terrorisme dans la région, c’est d’abord la lutte contre les détournements et la corruption généralisés. Sans oublier le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans le Nord qui ne passera que par de grands investissements en matière de santé et de social.

Seulement après, les missions comme la force conjointe auront une chance selon lui d’apaiser durablement le Sahel.

L'invitation de Donald Trump à venir assister aux festivités du 14 Juillet à Paris fait supputer aux observateurs que la France pourrait demander le soutien financier des Etats-Unis pour le Sahel, afin de mener à bien un projet de développement à la mesure de cette région gigantesque.