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Emoi après l'agression d'un rabbin

Anne Le Touzé10 septembre 2007

Un rabbin a été attaqué à coups de couteau vendredi soir dans une rue de Francfort. L’appartenance religieuse de la victime était reconnaissable à son habillement. Ce qui laisse supposer à la police qu’il s’agit d’un acte antisémite.

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La kippa, signe d'appartenance à la religion juive.
La kippa, signe d'appartenance à la religion juive.Image : AP

D’après la police et les accompagnateurs du rabbin, l’homme d’apparence « méditerranéenne » aurait d’abord proféré des menaces dans une langue « ressemblant à de l’arabe ». Puis il aurait menacé le rabbin en allemand avant de porter les coups de couteau. Un événement choquant pour la communauté juive de Francfort, qui n’a jamais rien connu de tel dans la métropole. Salomon Korn, vice-président du Conseil central des Juifs d’Allemagne :

« Les autres membres de la communauté n’y croyaient pas non plus. Et j’ai rendu visite au rabbin samedi matin après son opération, qui m’a dit à peu près la même chose que les autres : depuis 17 ans qu’il est à Francfort, il s’est toujours très bien senti dans cette ville. Ce qui lui fait encore plus mal que sa blessure, c’est que cela se soit passé maintenant. »

Etant donné l’évidence de l’appartenance religieuse du rabbin, qui portait une kippa sur la tête, la police est convaincue qu’il s’agit d’un acte antisémite. Un phénomène qui remplit trop souvent la rubrique des faits divers à l’est du pays, mais qui était jusque là plutôt rare en Allemagne de l’Ouest. Sitôt après l’attaque, la présidente de l’institution judaïque, Charlotte Knobloch, a décrété Francfort « No-Go-Area », c’est à dire une zone où il n’est pas bon de s’aventurer lorsque l’on est pas Allemand « de souche ». La discussion autour de ces zones réputées dangereuses avait été lancée par des associations l’an dernier, alors que les actes racistes s’étaient multipliés à l’approche de la Coupe du monde de football. Pour Salomon Korn toutefois, les déclarations de la présidente du Conseil sont compréhensibles, mais exagérées. Lui ne croit pas que l’Allemagne soit devenue plus dangereuse pour les Juifs :

« Charlotte Knobloch a une biographie personnelle étroitement liée à ce genre d’événement. Elle a vécu des choses pendant la guerre, ce qui a développé chez elle une sensibilité particulière. Mais ceci n’a rien à voir avec la réalité de la vie à Francfort. Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un cas exceptionnel, d’un événement unique qui – espérons-le, ne se reproduira pas. »

La police continue de son côté à rechercher l’agresseur et les deux femmes qui l’accompagnaient. Selon les premiers résultats de l’enquête, il ne s’agirait pas d’un acte prémédité.