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En Ethiopie, le mouvement de contestation sévèrement réprimé

Philippe Pognan
7 octobre 2016

En Ethiopie le gouvernement réprime brutalement un vaste mouvement de contestation anti-gouvernementale qui a commencé en région oromo en novembre 2015 et qui s'est étendu depuis l'été à la région amhara.

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Äthiopien Unruhen
Image : Getty Images/AFP/Z. Abubeker

L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie. Un mouvement qui a commencé en région oromo au mois de novembre 2015, et s'est étendu depuis l'été à la région amhara et dont la répression a déjà fait plusieurs centaines de victimes.

En Ethiopie, dimanche dernier au cours d'une fête de la moisson, un grand festival religieux oromo à Bishoftu, à environ 50 km au sud-est d'Addis Abeba un mouvement de panique provoquée par des tirs de gaz lacrymogène de la part de la police a entraîné une bousculade qui a coûté la vie à au moins 52 personnes; selon le bilan officiel de la police, car les opposants au régime éthiopien parlent, eux de près de 300 morts, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la FAZ.

Le drame s’est déroulé dans la région Oromia, qui depuis novembre dernier est le théâtre fréquent de heurts sanglants entre policiers et manifestants qui protestent contre la politique agraire du gouvernement éthiopien, et les privilèges dont jouissent selon eux l’ethnie des Tigréens.

Jusqu’à 3 millions de personnes prennent part chaque année à la fête de l’Erecha près du lac Hora, pour célébrer la fin de la saison des pluies. Pour l’ethnie des Oromo, la plus importante d’Ethiopie, cette fête est le plus grand moment culturel et religieux de l‘année. Mais cette fois la fête a aussi revêtu un caractère politique: des milliers de visiteurs avaient voulu exprimer leur opposition au régime en montrant le célèbre signe de résistance, les bras croisés au dessus de la tête. Des représentants du gouvernement régional considérés comme les exécutants du gouvernement fédéral d’Addis Abeba ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles. C’est alors que les forces de l’ordre ont réagi usant de leurs matraques avant de lancer des fûts de gaz lacrymogènes sur la foule à partir d’un hélicoptère, ce qui a créé un mouvement de panique parmi les visiteurs du festival.

Äthiopien Tote bei Anti-Regierungs-Protesten in Bishoftu
Les bras croisés, le signe des opposants au régime d'Addis AbebaImage : DW/Y. Gegziabher
Äthiopien Unruhen
Un manifestant oromo blessé le 2 octobre à BishoftuImage : Getty Images/AFP/Z. Abubeker


Depuis novembre dernier, le gouvernement éthiopien réagit régulièrement avec brutalité aux mouvements de protestation dans les régions Oromia und Amhara, constate le quotidien de Francfort. On estime à mille le nombre de personnes tuées lors des répressions policières. Au début, les protestations visaient surtout la politique d’expropriation de terres agricoles par laquelle le gouvernement veut se procurer de grands espaces pour ses ambitieux projets d’industrialisation. Mais aujourd’hui les manifestants des provinces Oromia et Amhara exigent le départ du gouvernement actuel et de nouvelles élections démocratiques...

La semaine prochaine, dans le cadre d’un voyage en Afrique, la chancelière Allemande Angela Merkel aura des entretiens avec le gouvernement à Addis Abeba…Elle devrait entre autre aussi aborder la question des droits de l’homme et de la bonne gouvernance…

 

 En RDC également la situation n’est pas la meilleure.

 

Alors que le mandat du président Joseph Kabila arrive à son terme le 20 décembre et que la Constitution lui interdit de se représenter, le chef de l'État ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste. Il tente bien plus de porter l’attention sur la menace terroriste jihadiste des ADF et reste silencieux sur l’organisation d’un scrutin présidentiel...

Kongo - Operation gegen die ugandischen Rebellen der ADF-Nalu
Des soldats des FARDC poursuivent des rebelles ougandais des ADF- NaluImage : Reuters/Kenny Katombe

Ces derniers mois la République Démocratique du Congo connaît de nouveau une escalade de la violence. Le gouvernement de Kinshasa en donne la responsabilité aux rebelles jihadistes des ADF et parle aussi de terrorisme international. Cependant nombreux sont ceux qui soupçonnent le président Kabila de vouloir tirer profit des troubles, rapporte la Süddeutsche Zeitung.
 

Depuis des mois déjà, les critiques se multiplient en RDC comme à l’étranger à l’égard du président Joseph Kabila, qui se cramponne à son fauteuil de manière de plus en plus douteuse: son mandat se termine en Décembre, ensuite, selon la constitution il ne peut plus se représenter; pourtant, jusqu’ici aucune date n’a été fixée pour de nouvelles élections. Il y a quelques jours, la Commission électorale a annoncé qu’elle devait d’abord actualiser les listes électorales et c’est pourquoi il ne pourrait y avoir de nouvelles élections avant la fin 2018! Le mois dernier, des douzaines de personnes ont été tuées lors de manifestations dénonçant les tactiques de Kabila pour toujours repousser les élections, rappelle le quotidien de Munich. Plus d’un habitant de Beni se demande si le gouvernement favorise l’escalade de la violence dans leur région pour détourner l’attention de ses propres problèmes. Le président exagère-t-il la menace que représentent les jihadistes internationaux afin de se présenter aussi aux yeux de l’étranger comme le garant incontournable de la stabilité dans son pays?

Kongo Proteste gegen Joseph Kabila
A Kinshasa, des opposants au président Joseph Kabila détruisent une affiche à son image Image : Reuters/K. Katombe