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En Pologne, l'espoir d'un nouvel ordre pour l'Europe

Elisabeth Cadot/9 novembre 2009

En juin 1989 le syndicat Solidarnosc remporte les élections. La Pologne se libéralise. Janusz Reiter ancien ambassadeur de Pologne revient sur les réactions polonaises...

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C'est le syndicat Solidarnosc et son leader Lech Walesa qui ont lancé le bouleversement de l'EuropeImage : picture-alliance/ dpa/dpaweb


Le 14 août 1980, les 12 000 ouvriers du chantier naval de Gdansk, dans le nord de la Pologne, se mettent en grève en réclamant des augmentations de salaire. Ils sont menés par le syndicat Solidarnosc et un certain Lech Walesa. La Pologne a commencé à saper les bases du système communiste soviétique. Mais c'est seulement à l'été 1989 que le pays se libéralise vraiment: Solidarnosc remporte les élections et en août un nouveau premier ministre est nommé. Il s'appelleTadeuzs Mazowiecki, il est une figure de proue de l'opposition intellectuelle polonaise. Pourtant le rideau de fer existe toujours. Alors comment ont réagi les Polonais à l'annonce de la chute du Mur? Justyna Bronska a recueilli le témoignage de Janusz Reiter, ancien ambassadeur de Pologne en Allemagne, un témoignage présenté par Elisabeth Cadot.

Des gens comme nous

Pour la Pologne, l'Allemagne de l'Est était certes un pays allié dans le cadre du Pacte de Varsovie, mais on ne peut pas dire que la relation aît été chaleureuse. Trop de questions en suspens, trop de méfiance issue de l'histoire. Alors lorsque les premiers Allemands de l'est passent le Mur, quelle a été la réaction polonaise? "Dans la population, se souvient Januzc Reiter, il y a eu un enthousiasme et un soutien – jamais vu jusque là - pour les citoyens de la RDA: peut-être parce que pour la première fois les espoirs de liberté des Polonais et des Allemands étaient les-mêmes, et surtout s'articulaient de la même manière. Les manifestations dans les villes allemandes rappelaient beaucoup celles qui avaient eu lieu en Pologne. Soudain les gens regardaient la RDA et disaient : « Ah, ce sont des gens comme nous ! »

Solidarité spontanée

Tout d'un coup les Polonais ont compris qu'ils n'étaient plus seuls dans leur marche pour la liberté commencée dix ans auparavant. Et ils se sont sentis en empathie, en phase pourrait-on dire avec l'Allemagne de l'Est. Janusz Reiter: „C'était, je crois, une réaction de solidarité spontanée, très émotionnelle avec les Allemands de l'est. La Pologne était peut-être le seul pays d'Europe dans lequel la question allemande avait été discutée sérieusement. Notre conclusion était qu'il était inutile d'avoir peur, car cette réunification ouvrirait le chemin de celle de l'Europe. »

Quelle a été la conséquence de la chute du Mur pour la Pologne? Janusz Reiter, ancien ambassadeur donne la dimension politique de cet évènement qui a bouleversé l'ordre établi depuis la fin de la seconde guerre mondiale en 1945. « La division allemande était au cœur de l'ordre de l'après-guerre européenne, analyse Janusz Reiter. Et à partir du moment où elle s'achevait, la question de l'avenir de l'Europe se posait. Pour la Pologne, c'était surtout la question de son rapport à l'Allemagne. C'est-à-dire la question des frontières entre la Pologne et l'Allemagne, la place de l'Allemagne et celle de la Pologne en Europe. »

La Pologne a bien trouvé sa place dans l'union européenne, mais les chantiers navals de Gdansk sont menacés. En dernière minute l'UE a donné son accord aux 250 millions d'euros d'aide publique qui ont permis la survie de ce chantier historique depuis 2004.