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Encore une ministre allemande sur la sellette

Anne Le Touzé7 février 2013

Une affaire qui fait du bruit en Allemagne : l'Université de Düsseldorf a retiré son titre de docteur à la ministre de l'Éducation. Annette Schavan est accusée d'avoir plagié certains passages de sa thèse de doctorat.

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Annette Schavan, ministre des Sciences et de l'Éducation sur la sellette
Annette Schavan, ministre des Sciences et de l'Éducation sur la selletteImage : Getty Images

Le titre académique est très important en Allemagne, au point qu'il est généralement cité quand on décline son identité. Annette Schavan n'est pas la première ministre accusée de plagiat : en 2011, une étoile montante du gouvernement d'Angela Merkel, Karl-Theodor zu Guttenberg, avait dû démissionner après le retrait de son titre de docteur. Mais contrairement à Annette Schavan, il était, lui, accusé d'avoir copié des passages entiers dans sa thèse de doctorat. Acculée elle aussi à la démission par l'opposition, la ministre a annoncé qu'elle contesterait en justice la décision de l'université. Et elle est soutenue par la chancelière allemande Angela Merkel. Les journaux sont toutefois relativement unanimes...

Tous les plagiats ne se valent pas et celui d'Annette Schavan entre dans la catégorie des plagiats mineurs, estime la Süddeutsche Zeitung. Lors de la rédaction de sa thèse il y a 33 ans, l'étudiante aujourd'hui ministre a fait essentiellement des erreurs de forme, en ne citant pas correctement ses sources. On peut donc considérer que la priver de son titre de docteur est une mesure excessive. En revanche, elle devrait démissionner de ses fonctions, conseille le quotidien. Une ministre de l'Éducation qui bâcle un travail scientifique, c'est presque comme si le pape avait obtenu son ordination en trichant.

La thèse de doctorat d'Annette Schavan, au centre des critiques
La thèse de doctorat d'Annette Schavan, au centre des critiquesImage : picture-alliance/dpa

Une ministre qui perd son titre académique, qui plus est alors qu'elle est en charge du portefeuille des Sciences, ne peut pas continuer comme si de rien n'était, renchérit die tageszeitung. Quelle autorité incarnerait une ministre déchue de son diplôme face à de jeunes doctorants ? Le journal plaide lui aussi pour la démission d'Annette Schavan.

Malgré toute la « confiance » affirmée en sa ministre et amie, Angela Merkel n'échappera pas à un remaniement de son cabinet, prédit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La crédibilité d'Annette Schavan est entachée, et l'opposition ne va pas laisser passer une occasion, en pleine année électorale, d'enfoncer encore et toujours le doigt dans la plaie. Une conclusion rapide de l'affaire serait dans l'intérêt de tous. Il n'y a que des perdants dans cette histoire.

Les jours d'Annette Schavan au ministère sont comptés, affirme pour sa part le Berliner Morgenpost. Mais ni la république, ni la coalition gouvernementale n'en sera ébranlée. Annette Schavan va démissionner, ou du moins suspendre ses fonctions. Et après les élections législatives, le vainqueur nommera un remplaçant. Parions que la politique scientifique et éducative n'en souffrira pas.