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Erdogan cède le pas à Gül pour la présidence turque

Aude Gensbittel25 avril 2007

Les éditorialistes allemands sont unanimes : la nomination du ministre des affaires étrangères Abdullah Gül pour briguer la présidence turque est une sage décision. Mettant fin aux spéculations, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé hier devant le parlement que son proche collaborateur avait été choisi comme candidat de l’AKP, le parti de la Justice et du Développement, au pouvoir en Turquie. Une annonce accueillie dans l’allégresse par les députés et avec soulagement par l’opinion publique. L’éventuelle candidature du premier ministre lui-même au poste de président avait en effet suscité de grandes inquiétudes dans les milieux laïcs au cours des dernières semaines.

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Le premier ministre Erdogan (gauche) et le ministre des affaires étrangères Gül
Le premier ministre Erdogan (gauche) et le ministre des affaires étrangères GülImage : AP

Sous le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, écrit la Franfurter Rundschau, la Turquie est dans une phase de stabilité comme elle en a rarement connu auparavant. L’inflation a été maîtrisée, l’économie est en plein essor. Des réformes constitutionnelles ont été mises en place et la Turquie s’est rapprochée des standards européens. Quelle meilleure recommandation pourrait-il y avoir pour le poste de président ? Mais Recep Tayyip Erdogan a de nouveau fait preuve sagesse politique en cédant le pas à Abdullah Gül. Ce dernier s’est déjà fait un nom dans la politique européenne, il fait figure de modéré, et est moins soupçonné que le premier ministre de vouloir secrètement rétablir l’islamisme.

Recep Tayyip Erdogan n’a pas renoncé à la présidence parce qu’il y avait des manifestations contre lui, mais parce qu’il veut maintenir la cohésion de son parti, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Un nouveau parlement sera élu cet automne et l’AKP dépend de son fondateur charismatique pour mener la campagne électorale. En tant que président, Recep Tayyip Erdogan n’aurait pas pu rester à la tête du parti.

Pour la Tageszeitung, le premier ministre turc est un habile tacticien : assez intelligent pour faire passer les intérêts politiques, préservation et renforcement du pouvoir, avant sa propre vanité. Toutefois, Abdullah Gül n’est pas le candidat de compromis espéré par l’opposition et les milieux laïcs. Il a certes fait bonne figure en tant que ministre des affaires étrangères, mais il est plus connu pour agir comme médiateur que pour polariser.

Enfin la Süddeutsche Zeitung rappelle que la présidence n’est pas la fonction la plus puissante, mais la plus haute de la république turque, et beaucoup d’hommes politiques importants l’ont vu comme l’apogée de leur carrière. L’attrait était donc grand pour le chef du gouvernement. Mais trop de choses s’y opposaient : Recep Tayyip Erdogan a beau être l’homme politique le plus charismatique de la Turquie, il est aussi capable de susciter crainte et colère comme aucun autre et de diviser le pays. En Turquie, poursuit le journal, c’est le premier ministre et non le président qui décide de la politique au quotidien. Recep Tayyip Erdogan va donc continuer à tenir les rênes du pays. Et au passage, il s’est débarrassé d’un concurrent à l’intérieur de son parti.