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Espoir à Abidjan

15 avril 2011

La presse allemande a sans surprise consacré beaucoup d'articles cette semaine à l'arrestation de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.

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Laurent Gbagbo en 2004Image : picture alliance/abaca

Sa capture, lundi dernier, inspire notamment à nos confrères des titres comme "Espoir à Abidjan", "L'aventure est terminée" ou encore "La fin d'un dictateur". Mais comme le note la Berliner Zeitung qui souligne la précarité de la situation sécuritaire, si Ouattara a peut-être gagné la guerre, il n'est pas sûr qu'il gagne aussi la paix. Des milliers de miliciens fidèles à Gbagbbo disposent toujours d'armes. Ils pourraient créer une organisation clandestine qui continuerait à diviser le pays. Ouattara doit prendre au plus vite le contrôle des forces de l'ordre du pays. Or selon la Süddeutsche Zeitung il a déjà du mal à mettre de l'ordre dans son propre camp. Le camp militaire de Ouattara est composé de différentes milices, unies surtout par le combat contre l'ennemi commun, Laurent Gbagbo. Il est incertain que Ouattara puisse les contrôler toutes. 46% des électeurs, rappelle le journal, ont voté pour Gbagbo en novembre dernier. Pour bon nombre d'experts de l'Afrique de l'ouest Ouattara ne pourra donc stabiliser le pays que s'il intègre des forces du camp Gbagbo et crée un équilibre politique sans lequel la division du pays ne pourra être surmontée.

Elfenbeinküste Unruhen nach Wahl
Alassane Ouattara à la télévision le 31 marsImage : AP

"Ce que doit faire Ouattara" titre die tageszeitung qui écrit dans un éditorial que Ouattara devrait renvoyer les militaires français chez eux, démobiliser les incontrôlables dans ses propres forces armées, combattre ce qui reste des milices pro-Gbagbo, intégrer dans son gouvernement des partisans de Gbagbo et des technocrates sans étiquette, traduire en justice les criminels de guerre des deux camps, offrir une amnistie, et accélérer la reconstruction du pays. C'est, poursuit le journal, la somme de toutes les exigences qui lui tombent dessus de tous côtés, et c'est irréaliste. Il faudrait déjà s'estimer heureux si la paix tient dans le pays.

Frankreich Militär Elfenbeinküste Abidjan
Militaires français à AbidjanImage : picture alliance/dpa

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève qu'il y a eu au sein de l'Union européenne des divergences sur la question de savoir jusqu'où les Européens devaient saluer la victoire de Ouattara, alors que ses soldats étaient accusés d'avoir commis des atrocités contre des civils. La France plaidait pour une évaluation aussi positive que possible alors que des pays comme l'Allemagne voulaient une déclaration des ministres européens des affaires étrangères qui ne déborde pas d'enthousiasme pour Ouattara.

Ban Ki Moon Pressekonferenz New York
Ban Ki-Moon à New York, février 2011Image : Picture Alliance/Photoshot

Qui a peur de Ban-Ki-Moon?

Le même journal s'intéresse également, dans le contexte de la Côte d'Ivoire mais aussi de la Libye, au rôle du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. Qui a peur de Ban Ki-Moon? demande la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il y a encore quelques semaines la réponse était claire: personne. Ban Ki-Moon était un homme qui ne dérangeait personne. Aujourd'hui la réponse n'est plus aussi simple. Le printemps new-yorkais a fait fleurir l'assurance chez le secrétaire général. Ban Ki-Moon a transformé de manière offensive la démarche de l'ONU en Libye et en Côte d'Ivoire en un avertissement à d'autres dictateurs. Cette menace est à ses yeux plus importante que l'accent mis sur l'impartialité de l'ONU. Officiellement bien sûr il n'est pas question de changement de régime. Mais depuis l'appui aux rebelles libyens et les attaques sur le bunker de Gbagbo le monde entier sait jusqu'où un mandat destiné à protéger la population civile peut être interprété.

Libyen Kontaktgruppe Katar Al Thani Westerwelle Ban Ki-Moon
Groupe de contact sur la Libye, à DohaImage : picture alliance / dpa

Impasse en Libye

Autre sujet de commentaires: la Libye où la situation semble s'enliser.Enlisement ou plutôt impasse, lit-on dans l'hebdomadaire Die Zeit, qui souligne que le dictateur - Kadhafi donc - est aussi loin de la victoire que les rebelles. L'heure serait maintenant celle des médiateurs. Mais des négociations peuvent échouer quand elles ne sont pas prises par le bon bout. Un exemple en a été fourni par l'Union africaine avec sa tentative de médiation en Libye au début de la semaine. Le moment choisi était le bon, la démarche était mauvaise. Elle n'a pas fonctionné parce que les Africains voulaient sauver le pouvoir de Mouammar Kadhafi et de sa famille. Or l'objectif de la révolution, la chute du tyran, n'est pas négociable, souligne le journal. Tout au plus peut-on en négocier les conditions. Pas de paix avec Kadhafi, écrit die Tageszeitung qui insiste sur l'inutilité de négociations en Libye. La délégation de l'Union africaine a enfermé le loup dans la bergerie. Kadhafi a lui même présidé cette organisation il y a deux ans, il est l'un de ses principaux financiers et comme "roi des rois d'Afrique" il a déversé ces dernières années des milliards de pétrodollars dans les pays voisins. L'Union africaine est donc mal placée pour jouer les médiateurs sincères. Elle apparait plutôt comme le dernier bastion qui tient, jusqu'au bout, la perche à Kadhafi.

Parlamentswahl 2011 in Kano State Nigeria
Elections législatives à Kano dans le nord du NigériaImage : DW

Des élections propres au Nigéria?

Enfin le géant de l'Afrique de l'ouest n'est pas oublié. Aprés les élections législatives, c'est l'élection présidentielle au Nigéria qui a retenu cette semaine l'attention des journaux. Comme le note la Frankfurter Rundschau, les récents événements en Côte d'Ivoire ont été suivis avec nervosité au Nigéria. L'expérience enseigne qu'au Nigéria aussi les élections peuvent conduire rapidement à des cortèges funéraires. Les trois scrutins qui ont eu lieu depuis la fin de la dictature militaire en 1999 ont tous été entachés d'irrégularités et d'effusions de sang. Le People's Democratic Party au pouvoir s'est toujours assuré la victoire par l'argent, la violence et de sales combines. Goodluck Jonathan, l'ancien vice-président qui a hérité l'an dernier du défunt président Yar Adua, a promis cette fois les élections les plus propres de l'histoire du Nigéria. Et tout laisse à penser, estime le journal, que ce zoologue de 53 ans, dont l'ascension à la tête du parti au pouvoir n'est due qu'à une succession de hasards, tiendra sa promesse.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum