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Et si l'Europe s'inspirait de l'Ouganda ...

Konstanze von Kotze
23 juin 2017

A la Une de l'Afropresse : l'Ouganda modèle pour l'accueil des réfugiés; la situation précaire de l'agriculture en Centrafrique; et la polémique autour du nouveau code minier en Afrique du Sud.

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Uganda Solidarity Summit on refugees
Image : Reuters/J. Akena

Le 20 juin, c'était la Journée mondiale des réfugiés - L'occasion pour die Tageszeitung de consacrer un important dossier à ce sujet. Tous les 20 juin, écrit le journal, les organisations internationales formulent le même souhait : que l'année suivante, le nombre de gens qui doivent fuir diminuent. Et cela fait des années que l'Europe est convaincue qu'elle est la première victime de la crise globale des réfugiés.

Pourtant, un regard sur le reste du monde serait - comme souvent - utile, poursuit l'éditorialiste qui prend l'Ouganda comme exemple. Ce pays d'Afrique de l'Est a, l'an dernier, accueilli à peu près le même nombre de réfugiés que l'Allemagne soit environ 1,2 millions de personnes. Avec un produit intérieur brut qui est environ 130 fois inférieur ! On peut bien-sûr critiquer le président ougandais Yoweri Museveni sur bien des plans mais pas sur sa politique en matière de réfugiés, poursuit le journal. Et l'Europe ferait bien de s'en inspirer car le problème n'est pas prêt de disparaître. Depuis le début du 21ème siècle, le nombre de personnes jetées chaque minute sur les routes est passé de 8 à 30, parallèlement à l'augmentation des conflits armés.

Un accord qui n'aura pas fait long feu

Lundi, un accord de paix a été signé à Rome entre le gouvernement centrafricain et les rebelles pour tenter d'éviter l'embrasement général. Un accord brisé en moins de 24 heures - et la Süddeutsche Zeitung l'avait en quelque sorte prédit. Les rebelles ont en effet réussi à faire pression pour que le texte ne contienne pas de calendrier précis pour organiser leur désarmement. Tout reste donc comme avant : Bangui et les Nations Unies restent dépendants du bon vouloir d'une douzaine de groupes armés. C'est une bonne chose que l'accord ait été signé dans la capitale italienne. Cela permet au conflit centrafricain de se frayer un passage dans les consciences européennes. Mais pour un accord de paix solide, il a manqué la pression internationale. Une pression similaire à celle que la crise des réfugiés en Méditerranée fait peser sur l'Europe.

DW Videostill - Die vergessene Krise in Zentralafrika
La République centrafricaine a besoin d'une attention soutenueImage : DW/J.P. Scholz & A. Kriesch

La RCA, le pays où les gens ont le plus faim dans le monde, note pour sa part le Tagespiegel . Pourtant, écrit le journal, le gouvernement centrafricain a fait des investissements dans l'agriculture l'une de ses priorités et il est soutenu en cela par l'ONG allemande, Welthungerhilfe. Mais le chantier est colossal - pas seulement en Centrafrique d'ailleurs. Akinwumi Adesina, le chef de la Banque africaine de développement le dit lui-même : "l'agriculture africaine est dépassée". Les agriculteurs eux-mêmes ont entre 60 et 65 ans. Leur production couvre tout juste leur propre survie et leurs marges sont inexistantes ou presque. "C'est tout de même absurde, dit encore le chef de la BAD, que l'Afrique soit obligée d'importer annuellement presque 35 milliards de dollars de denrées alimentaires!". Sa suggestion : investir dans l'alimentation des enfants. Le meilleur investissement qui soit, selon Akinwumi Adesina, qui fut, par ailleurs, ancien ministre de l'Agriculture au Nigeria.

La survie douteuse des ONG 

Toujours a propos de la faim sur le continent, la Süddeutsche Zeitung critique de son côté la façon dont, depuis des années, les ONG récoltent leurs fonds. Étrange, car après des années de rapports catastrophiques, illustrés par des images radicales censées éveillées la pitié chez les donateurs, la situation sur place n'a que peu évolué. Ne serait-il pas grand temps de se demander pourquoi ? Les ONG affirment vouloir soutenir les gens dans le besoins. Mais en réalité, poursuit le journal, elles luttent en premier lieu pour leur survie. Comme toute autre entreprise : elles veulent croître, ouvrir des filiales, augmenter ses salaires. 

Südsudan Hunger Behinderung von Hilfsorganisationen
Si la faim n'existait plus dans le monde, les ONG devraient mettre la clef sous la porte.Image : Getty Images/AFP/A.G. Farran

Même si elles font bien-sûr aussi des bonnes choses, elles sont une partie du problème. Elles sont responsables du fait que de nombreux Européens voient le continent comme un seul et même pays, sous perfusion. Une image qu'ont finie par intégrer les Africains eux-mêmes - et en premier lieu les chefs d'Etat. Pourquoi dès-lors se donneraient-ils la peine de construire un Etat qui fonctionne puisque l'argent coulera toujours ? La Süddeutsche estime que la communauté internationale pourrait commencer par contrôler plus sévèrement les régimes corrompus. Mais ce n'est pas seulement une histoire de gros sous. C'est surtout une histoire de longue haleine.

Un code minier controversé

Un mot pour finir sur un sujet qui a fait polémique cette semaine en Afrique du Sud : il s'agit du nouveau code minier qui oblige les entreprises du secteur à augmenter sensiblement la part de leur actionnariat noir. Une manœuvre politique de premier ordre, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Malgré la pluie de scandales de corruption, les partisans du président Zuma, dont le ministre des Mines est un éminent représentant, tentent de se maintenir au pouvoir, en promettant des transformations radicales. Mais personne n'est dupe. Même pas l'ANC. Certains membres du Congrès national africain ont regretté le manque de consultations en amont du projet et ont appelé à éviter un nouveau drame alors que le secteur a, ces cinq dernières années, supprimé 60 000 postes.