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Europe élue, scrutin boudé

Yvon Arsenijevic15 juin 2004

Il ne fait pas bon s’appeler Europe quand on lit la presse allemande d’aujourd’hui. Les élections au parlement européen qui se sont déroulées dans les 25 pays de l’Union jusqu’à dimanche n’ont pas mobilisé les foules, loin s’en faut. Nos confrères essayent de savoir pourquoi et il leur arrive de trouver.

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Avant ce que certains journaux allemands appellent la «débâcle européenne »
Avant ce que certains journaux allemands appellent la «débâcle européenne »Image : AP

63 % - c’était le taux de participation aux élections européennes...de 1979 ! Les premières où les citoyens de la « communauté » pouvaient choisir leurs « eurodéputés » directement. C’est la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui remue ainsi le couteau dans la plaie en rappelant qu’on est tombé cette fois largement en dessous des 50 % « grâce » entre autres au formidable coup de pouce de certains entrants où parfois seul un électeur sur quatre a trouvé le chemin des urnes.

À Bruxelles maintenant de se demander pourquoi et comment on en est arrivé là, écrit de son côté la Südwestpresse qui assène tout de suite la réponse : l’image qu’on a encore et toujours de Bruxelles, est une image de bureaucratie, de népotisme, de corruption. Ce n’est pas pour rien, enchaîne notre confrère d’Ulm, que pour certains candidats, autoproclamés « pères la vertu », le premier essai a été le bon !

Ce qui manque aux Européens, c’est une Europe qu’ils puissent toucher du doigt, regrette de son côté la Leipziger Zeitung qui constate qu’on parle de la « bureaucratie », mais pas, ou peu, du « parlement » - alors que c’est lui qui marque de son empreinte, et de plus en plus fortement, le quotidien des citoyens.

Justement, le Fränkischer Tag trouve « bizarre » que la participation diminue sans cesse tandis que les pouvoirs des eurodéputés ne cessent de croître. Mais il est vrai, comme l’ajoute le journal de Bamberg, que l’Europe reste difficilement perceptible et que de ce fait, elle se prête merveilleusement au rôle de punching-ball.

Ce dont souffre l’Europe, écrivent pour leur part les Badischen Neuesten Nachrichten, ce n’est pas d’un manque d’importance mais d’un manque d’attention. Et le journal de Karlsruhe se prend à rêver d’un « vraie campagne électorale européenne » : les électeurs verraient alors qu’ils surévaluent l’influence des hommes politiques nationaux autant qu’ils sous-estiment celle des eurodéputés. Mais cela obligerait bien sûr les députés de Berlin (ou de Paris) à admettre qu’ils ne sont bien souvent que les simples exécutants de leurs collègues de Strasbourg ou de Bruxelles.

Ces collègues justement, et c’est comme cela que le Handelsblatt de Düsseldorf explique le désintérêt généralisé pour l’Europe, qui se sont laissés mettre au coin dans deux cas cruciaux : celui du pacte de stabilité, en acceptant que le droit deviennent le droit du plus fort, et celui du projet de constitution, qu’ils se sont laissé subtiliser par l’exécutif après l’avoir si bien préparé. C’est dans des cas comme ceux-là qu’il faut se battre, affirme le journal, au risque de provoquer une crise institutionnelle. Ne pas en être capable, c’est perdre toute légitimation politique.