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Exécution de Saddam Hussein

Aude Gensbittel2 janvier 2007

L’exécution de Saddam Hussein ce week-end est au cœur des commentaires de la presse allemande. Condamné à mort le 5 novembre pour crime contre l'humanité pour avoir ordonné l'exécution de 148 villageois chiites en 1982 à Doujaïl, l’ancien dictateur irakien a été pendu samedi à l'aube. Sa mort met fin aux autres poursuites engagées contre lui, notamment dans le procès pour génocide lors des campagnes militaires Anfal au Kurdistan en 1987 et 1988. La pendaison de Saddam Hussein a soulevé une vague de protestations de la part de la communauté internationale et les journaux allemands condamnent eux aussi de façon unanime la peine de mort.

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Tombe de Saddam Hussein
Tombe de Saddam HusseinImage : AP

La Süddeutsche Zeitung s’interroge : était-ce conforme à la loi de pendre un despote responsable de la mort de centaines de milliers de personnes. Et au-delà des questions morales, était-ce la bonne chose à faire du point de vue politique ? La mort de Saddam marque la fin d’un règne d’injustice. Un régime dont on déplore aussi peu la perte que celle de l’homme qui l’a instauré. Et pourtant, dans le monde entier, des gouvernements, des organisations de défense des droits de l’Homme, ainsi que le Vatican, ont protesté contre son exécution. Une exécution qui ne va par ailleurs certainement pas contribuer à la pacification de l’Irak, bien au contraire. La violence pourrait augmenter et la vengeance être le prétexte de nouveaux actes terroristes.

Pour die Welt, une série de procédures interminables, comme celles du tribunal pénal de la Haye pour les criminels de guerre, aurait eu des conséquences négatives pour un système judiciaire qui doit encore s’affirmer. L’application de la condamnation à mort du dictateur représente un problème pour tous ceux qui considèrent – à juste titre – l’abolition de la peine capitale comme un acquis de toute société civilisée. Mais ce n’est visiblement pas un problème pour l’Irak. Le besoin d’une fin rapide, après un procès de relative courte durée, était grand. Pas de soulèvements, pas de troubles, seule la fille de Saddam Hussein parle de son père comme d’un « martyre ». Le gouvernement irakien a refermé le chapitre du dictateur avec une fin mise en scène dans les moindres détails. Il appartient maintenant au passé.

Rendre justice ne signifie pas seulement punir un criminel, écrit la Frankfurter Rundschau, cela signifie le juger pour ses crimes. Avec l’exécution de l’ancien président irakien, la barbarie a triomphé : parce qu’une peine barbare a été appliquée, parce que justice ne sera pas rendue pour des milliers de victimes de la dictature. C’est pourquoi la mort de Saddam n’est pas un « succès pour la démocratie » comme le pense le président américain George W. Bush, mais au contraire un échec pour toutes les valeurs auxquelles nous adhérons.